La section de Riantec a organisé le samedi 22 septembre une conférence-débat sur l’Europe.
Les deux intervenants étaient Bernard Bruneteau, professeur de science politique à Rennes 1, auteur de Combattre l’Europe de Lénine à Marine le Pen et Axel Quéval, ancien collaborateur de Pierre Mauroy à l’Internationale Socialiste et ex-responsable de la mission civile de l’ONU en République Démocratique du Congo.
Gérard Ollivier a, lui, introduit le débat en observant qu’il y a aujourd’hui en Europe quatre formes de désintégration :
- Une désintégration de la communauté des citoyens européens qui ne sont pas satisfaits de la performance économique ;
- Une désintégration avec le Brexit qui amène à une redéfinition des termes du contrat ;
- Des questionnements sur l’avenir de l’Euro et sur les possibilités de renouer avec une Europe politique ;
- Et une fragmentation de certains territoires comme la Catalogne.
Il se pose donc des questions : la représentativité des citoyens, les différentes formes de démocratie, les principes budgétaires et la question de la crise migratoire.
Bernard Bruneteau note que l’Europe questionne le civisme et soulève des interrogations.
Qu’est-ce que l’Europe aujourd’hui ? Il relève que Jacques Delors décrit cette organisation comme « un objet politique non identifié ». Il ajoute que d’autres traits nous éclairent sur les différentes facettes de cet « objet ».
L’idée de « fédération d’Etats-nations », tout d’abord, qui soulève un paradoxe. La construction européenne mène une politique d’intégration et de coopération. Ce qui implique des politiques communautaires. Il poursuit en affirmant que l’on entend aussi l’expression de « souverain apprivoisé ». Les États restent souverains mais l’Europe a limé les États en les insérant dans un processus. La dernière expression est un nouveau paradoxe puisque certains parlent « d’Empire démocratique ».
Selon Bernard Bruneteau, il faut aussi se demander quelle est sa légitimité. Si dans un premier temps son objectif est la paix, on voit bien que l’Europe a du mal à régler des conflits (ex de la Yougoslavie) et c’est davantage la Guerre Froide et l’hégémonie américaine qui ont permis la paix.
Il note toutefois que l’Europe a créé des opportunités de modernisation et un sauvetage économique au sortir de la guerre (avec l'aide des américains bien sûr). Il relève que l’Europe a apporté la liberté de circulation, l’euro qui a favorisé les échanges ainsi que la convention européenne des droits de l’homme.
Beaucoup parlent d’un déficit démocratique mais Bernard Bruneteau considère cela comme un mythe dans la mesure où les décennies 80-90 ont apporté de nombreuses avancées démocratiques.
D’ailleurs, l’expression des populismes est bien une illustration de la démocratie. En réalité, selon Bernard Bruneteau, l’Union européenne développe une autre forme de démocratie que celle à laquelle nous sommes habituée.