Bernard Maris avait dédié son ouvrage l’antimanuel d’économie « à l'économiste inconnu, mort pour la guerre économique, qui toute sa vie expliqua magnifiquement le lendemain pourquoi il s'était trompé la veille » ! Au vu des différentes analyses de différents organismes (Fonds Monétaire International, Organisation de coopération et de développement économiques, …), tentons de dresser un portrait des tendances probables à venir.
Un scénario de récession mesuré au niveau européen
La situation européenne améliorée avec une baisse du prix du pétrole, et les actions menées par la Banque Centrale Européenne (baisse de l’Euro, action sur les taux afin de favoriser le crédit) se retourne depuis 2018 : remonté du dollar face à l’Euro, prix du pétrole en hausse, et réduction des aides de la BCE.
La situation anticipée par le FMI pour 2019 prévoit une croissance européenne qui s’essouffle certes, mais reste cependant sensiblement égale à celle de 2019. La demande intérieure de la zone Euro, les conditions favorables de financement des investissements, la bonne tenue de l’immobilier et du secteur des services expliquent ce maintien.
Un système économique mondial fragile
Au niveau Européen, l’absence d’accord sur les conditions du Brexit, l’envolée des primes de risque sur la dette de l’Italie, un ralentissement de la croissance en France, et en Allemagne peuvent conduire à d’importantes tensions économiques.
Au niveau mondial les incertitudes sur les relations entre la Chine et les États Unis, le ralentissement de l’activité économique de ces deux pays, la dette d’État américain au plus haut laissant ce pays sans marge de manœuvre en cas de problème, la dette des entreprises et la reprise des dettes privées américaines, la bulle immobilière en Chine, sont des facteurs de risque élevés, qui peuvent conduire à une situation économique mondiale difficile.
La forte imbrication des zones économiques entre elles dans ce que l’on appelle une chaîne de valeur globale, conduit à ce que la faiblesse d’une zone provoque un dommage collatéral sur une autre. Ainsi l’Allemagne souffre aujourd’hui du ralentissement de l’économie chinoise et ne devrait désormais plus tirer l’économie européenne comme par le passé.
La nécessaire meilleure répartition sociale, et prise en compte écologique
L’incapacité à mieux distribuer les gains économiques a conduit à la montée des partis populistes dans le monde entier. Si nos économies ne donnent pas en urgence la priorité à la justice sociale, à la défense de notre environnement, et au développement des pays pauvres, nous léguerons à nos enfants un fardeau dont ils ne se relèveront pas.
Jean-Louis MILÈS
→ Le FMI redoute une nouvelle crise financière, Richard Hiault, Article du 10 octobre 2018 paru dans Les Echos