Tout le monde reconnait que la gauche socialiste en Europe n’a pas le vent en poupe.
Les derniers sondages en Allemagne donnent le SPD dans une situation très difficile :
- En Thuringe, où des élections partielles doivent avoir lieu, en octobre 2019, il reste crédité de 12% des voix, comme en 2014, mais les Verts passeraient de 5 à 12% et l’AfD (extrême droite) talonnerait la CDU (démocrate-chrétien, au pouvoir), elle aussi en perte de vitesse ;
- En Saxe, le SPD passerait de 12% à 10%, et les Verts de 7,7 à 9%, alors que là encore, l’AfD talonne la CDU.
- En Bavière, aux élections régionales de 2018, le parti a réalisé 10% et perdu la moitié de ses sièges.
Sur le plan national, alors qu’aux dernières élections il avait réalisé un score jugé très mauvais avec 20,5% des voix, les sondages ne lui en donnent plus qu' entre 15 et 18%.
Le nouveau programme du SPD est désormais plus à gauche que l’ancien, et le parti espère en tirer les bénéfices. L’avenir dira si les très nombreux déçus de l’ère de l’ancien chancelier social-démocrate Schroëder et ses réformes jugées catastrophiques pour les plus pauvres reviendront au bercail, mais il semble y avoir, pour le moment, encore du travail à faire.
Le nouvel espoir de la gauche d'Europe latine
Par contre, dans l’Europe du Sud, il semblerait qu’il y a un début de frémissement en faveur de la gauche socialiste.
Au Portugal, les résultats économiques et sociaux du gouvernement socialiste, qui bénéficie du soutien communiste au Parlement, ne sont plus à démontrer.
En Espagne, le PSOE a effectué une remontée spectaculaire grâce à la politique de Pedro Sanchez (65% de femmes au gouvernement, tentative de dialogue et d’apaisement en Catalogne, ouverture vis-à-vis des immigrés, augmentation de l’impôt sur les banques afin de financer le retraites, hausse du salaire minimum, accès universel au service de santé, transition énergétique, retrait de la dépouille de Franco, alignement de la hausse des retraites sur l’inflation - soit le contraire du gouvernement Macron-,accord avec la gauche de la gauche …).
Dans les sondages, on assiste à une remontée spectaculaire du PSOE qui devance désormais largement Podemos, parti qui surfait sur sa gauche et avait récupéré bien des déçus.
Bien sûr, la droite reste semble-t-il majoritaire avec l’émergence, là comme ailleurs, de l’extrême-droite.
Pedro Sanchez et ses amis ont non seulement arrêté la chute du parti, mais amorcé une remontée aussi rapide qu’inespérée.
Nicola Zingaretti, nouveau leader du parti démocrate italien
En Italie, la situation politique est aussi particulièrement inquiétante, avec la présence au pouvoir de l’extrême droite nationaliste, raciste et anti-européenne, dans le cadre d’une alliance avec le mouvement populiste 5 Etoiles.
Mais, là encore, les derniers développements laissent espérer un début de remontée de la gauche.
Après des années de glissement vers la droite des partis de centre gauche, faisant qu’il était de plus en plus difficile de distinguer la gauche du centre, voire de la droite, un sursaut vient d’avoir lieu.
Lors de primaires ouvertes à tous les électeurs pour désigner le nouveau secrétaire général du Parti démocrate italien, c’est le candidat désireux de retrouver les racines de gauche du parti qui a été élu, Nicola Zingaretti.
Ce dernier avait présidé les Jeunesses socialistes internationales à l’époque où Pierre Mauroy était président de l’Internationale socialiste. Pour la petite histoire, son frère Luca est connu de tous les amateurs de polars en Europe pour avoir joué le commissaire Montalbano dans la série télévisée du même nom.
Actuel président de la région Latium, Nicola Zingaretti fait partie d’une nouvelle génération de gouvernants issus des territoires, où ils ont démontré leur savoir-faire. Il a nettement gagné ces élections avec 65% des voix, alors que la participation a pulvérisé les attentes, avec plus de 1,7 millions de votants. C’est certes à peine autant que lors des dernières primaires, mais après la dernière déroute électorale, on aurait pu craindre bien pire, alors que le mouvement 5 Etoiles se réjouit quand il arrive à mobiliser 30 000 votants sur Internet. Ainsi, le peuple de gauche s’est clairement mobilisé pour que l’Italie retrouve une vraie gauche de gouvernement.
Les années Rienzi (l’ami politique de Valls et de Macron) semblent bien terminées. Des signes avant-coureur avaient déjà montré qu’un frémissement, signe d’un retour de balancier vers la gauche se dessinait, lors d’élections partielles dans les Abruzzes, puis en Sardaigne, et que la gauche décimée reprenait des couleurs.
Ainsi, dans les Abruzzes, la coalition de gauche obtient 30,63% des voix (17,6% aux législatives) et le mouvement 5 Etoiles 19,73% seulement (39,3% aux législatives). Malheureusement, la coalition de droite obtient 49,19%, montrant que la politique raciste et nationaliste, post-mussolinienne en quelque sorte, du leader de l’extrême droite, Matteo Salvini, reste populaire pour le moment.
De même, en Sardaigne, la coalition de gauche obtient 32,93% (17,6% aux législatives), et le mouvement cinq étoiles 11,18% seulement (42,5% aux législatives).
D’ailleurs, dans l’ensemble du sud, la participation aux primaires de la gauche a été importante. Alors que les mouvement 5 Etoiles l’avait emporté très largement dans l’ensemble du sud aux élections nationales de 2018, les propositions concrètes du parti démocrate pour le développement du Mezzogiorno (proposition de créer des zones économiques spéciales dans les principaux ports du sud, etc…) semblent remporter un écho dans ces zones délaissées en proie à la criminalité mafieuse.
Des défis de tailles pour la gauche italienne
Alors que la situation économique en Italie continue de se détériorer, avec une récession économique probable et des déficits qui se gonflent, et que le mouvement 5 Etoiles est incapable de se distinguer de la politique réactionnaire du gouvernement actuel dominé par les plus extrémistes de la droite, la gauche semble enfin vouloir prendre un nouveau départ.
Première tâche : rassembler le parti et s’éloigner du tout libéral qui semblait être le marqueur des années Renzi.
Ensuite, il faudra faire des contre-propositions face à la politique anti-européenne du gouvernement actuel.
Nicola Zingaretti sera aidé dans sa quête de solutions euro-compatibles par sa bonne connaissance de l’Europe, puisqu’il a été chef du groupe de la gauche italienne au Parlement européen après les élections de 2004.
Autres priorités : lutter contre les inégalités, oeuvrer en faveur de la « justice climatique » et mieux accueillir les migrants. Il aura du pain sur la planche mais le premier pas c’est déjà de vouloir sortir des ornières de ces dernières années et de retrouver l’élan d’une politique de gauche crédible.
Axel QUEVAL
En complément :
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Européennes. Nicola Zingaretti, le rempart démocrate en Italie face aux populistes https://t.co/T7LCh1pG59
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