Je veux vous dire mon émotion.
Pour moi qui ai rejoint ce parti à 17 ans pour ne jamais le quitter, pouvoir le diriger demain est une grande fierté. Cette fierté je veux la rendre à chaque militant du Parti, faire résonner de nouveau le mot « socialiste » comme une note d’espoir et de confiance pour les Français.
Nous sommes les héritiers d’une grande histoire. Notre responsabilité est immense.
Nous avons déçu, nous devons maintenant regagner la confiance de nos concitoyens en prouvant que nous avons changé et que nous avons entendu le message qu’ils nous ont adressé en mai et en juin derniers.
Le premier de ces changements doit être notre capacité à dépasser les vieux clivages, à sortir des postures, pour offrir aux Français une vision nouvelle de ce que la gauche peut apporter au pays. Des divergences existent entre nous. Le débat doit se prolonger. Sujet par sujet. Mais aucune de nos différences ne mérite une guerre de tranchées qui se solderait par notre impuissance collective à transformer la société.
Quand il faut tout changer, tout reconstruire, on a besoin de toutes les énergies, de toutes les forces pour réussir.
Notre rassemblement n’est pas une option. Il est un impératif. Quand on part de si loin, quand il faut tout changer, tout reconstruire, on a besoin de toutes les énergies, de toutes les forces pour réussir.
Nous avons eu, au cours de ce congrès, un débat de qualité et respectueux. J’en remercie Luc Carvounas, Stéphane Le Foll et Emmanuel Maurel. Je veux aussi remercier la direction collégiale du Parti socialiste et son coordinateur Rachid Temal, qui ont rendu possible la réussite de ce congrès. Je salue singulièrement Stéphane Le Foll, qui est arrivé en seconde position, et qui a fait le choix courageux et responsable de prendre pleinement en compte le message des militants. Ce geste a pour moi une grande valeur.
Notre parti est riche de sa diversité, Cette diversité est un atout pour redevenir demain le premier parti de la gauche. Elle doit être respectée et valorisée dans notre maison commune. Fédérer les socialistes c’est être à l’écoute de tous et faire des additions, pas des soustractions. C’est ce que j’ai dit à Luc, à Stéphane et à Emmanuel. Je dirigerai ce parti dans la clarté et dans le respect du vote des militants, mais je les associerai tous les trois étroitement à nos chantiers et à nos choix collectifs. Il y a tant à faire, nous le ferons ensemble.
Face au culte du chef et aux tentations populistes, nous allons opposer l’écoute, le dialogue, la délibération, le travail collectif
Notre parti devra maintenant répondre à la demande des Français de renouveau de la vie politique, changer son organisation, faire confiance à de nouveaux talents, à de nouveaux visages, construire de nouvelles idées, et le faire avec tous : les citoyens, le mouvement social et cela dans tous les territoires, dans toutes les villes et villages de notre pays.
Face au culte du chef et aux tentations populistes, nous allons opposer l’écoute, le dialogue, la délibération, le travail collectif, parce qu’ils sont à la fois plus respectueux de nos valeurs humanistes et républicaines, mais aussi plus justes et surtout plus efficaces.
Face à un président des riches, il faut un parti pour tous les autres. Parti de la lutte contre les inégalités, du droit à l’émancipation dont la laïcité est la première garantie, parti de l’école et des services publics, le PS doit être chaque jour aux côtés des catégories populaires, des plus fragiles, des victimes de violences ou de discriminations.
La renaissance des socialistes ce sera la construction d’un nouveau projet. Nos valeurs n’ont pas changé mais le monde, lui, a changé, et dans ce monde nouveau nous avons besoin de solutions nouvelles. Il nous faut les imaginer, les inventer. La mondialisation financière, la transition écologique et énergétique, la transformation numérique de l’économie et de nos sociétés sont les trois fronts sur lesquels se joue l’avenir de notre modèle social et politique. L’humain d’abord, la démocratie partout, ces deux boussoles doivent guider l’ensemble de notre réflexion.
Enfin, l’Europe doit être remise au cœur de la réflexion et de l’action des socialistes. La tentation nationale serait notre tombeau. Souveraineté nationale et souveraineté européenne vont désormais de pair. L’Europe est le seul instrument possible pour défendre notre modèle social dans le monde d’aujourd’hui et faire gagner demain des réponses humanistes et démocratiques. Construire la gauche européenne pour rendre possible des politiques de gauche en Europe doit être notre priorité. Je m’engagerai totalement dans la vie collective du Parti des socialistes européens. Dès notre congrès d’Aubervilliers, je mobiliserai notre parti pour prendre toute notre place dans la définition des combats européens que doivent porter les socialistes.
Quand le Parti socialiste est faible, la gauche s’efface. Sans Parti socialiste fort, il n’existera pas d’alternative de gauche au pouvoir actuel. Le drapeau du rassemblement de la gauche est à terre, à nous de le relever, mais sans concession sur les idées et les valeurs. Affirmons notre identité, retrouvons de la force collective, menons la renaissance de notre Parti, la gauche en a besoin, les Français en ont besoin, parce que nous n’avons pas été remplacés. Il nous revient d’incarner l’opposition de gauche responsable ; c’est-à-dire redevenir pour les Français une alternative crédible et souhaitable.
Je veux que les socialistes et les Français se retrouvent. Nous serons aux côtés de celles et ceux qui se battent chaque jour pour protéger les plus faibles, pour inventer de nouvelles solidarités, pour défendre les services publics. C’est avec les Français que nous allons inventer l’avenir.
À tous, je veux dire que nous nous sommes tellement manqués, maintenant nous allons nous retrouver.