« Le vieux monde se meurt,le nouveau monde tarde à apparaîtreet dans ce clair-obscur surgissent des monstres. »(Antonio Gramsci)
Les populistes surgissent, émergent et triomphent. Des crises multiples dans une période incertaine où « surgissent des monstres ». S’efforcer de comprendre les nombreux bouleversements observés entraînant la montée du populisme est indispensable.
Force est de constater les révolutions technologiques, les détériorations des économies, les défis environnementaux globaux, les considérables crises humanitaires, les ruptures démocratiques et les instabilités mondiales générales.
Les révolutions technologiques changent nos façons de vivre ainsi que l’ensemble des rapports humains. L’intelligence artificielle, les cryptomonnaies et la e-santé sont des exemples d’avancées incroyables qui défient les pouvoirs publics. De plus, les transformations économiques – comme celles occasionnées par le numérique – sont des opportunités formidables mais posent d’inquiétants problèmes. Les ruptures démocratiques sont aussi à noter. Les institutions démocratiques sont mises à mal. Par exemple, les corps intermédiaires (syndicats, partis politiques, parlements, journaux...) sont non seulement affaiblis mais contournés à cause de nouvelles pratiques des responsables politiques privilégiant des rapports directs voire autoritaires via les référendums ou les réseaux sociaux. Aussi, nous sommes confrontés à des crises environnementales. Le réchauffement climatique en est un enjeu majeur qui menace l’humanité toute entière. Cependant, d’autres problèmes doivent être pris en considération. Je pense à la question des déchets plastiques, en particulier dans les océans. La crise humanitaire est sans précédent depuis 1945, notamment à cause du « chaos mondial » qui règne. Ainsi, l’impunité et l’imprévisibilité de responsables politiques prospèrent.
Le populisme est le « monstre » qui se nourrit des angoisses des citoyens.
Ces multiples crises inquiètent. De plus en plus de citoyens européens pensent que la globalisation, le multilatéralisme et les organisations supranationales ne répondent pas aux problèmes quotidiens ; que les politiciens nationaux ne contrôlent plus rien – car les crises demeurent. Pire encore. De plus en plus de citoyens européens pensent que les élites sont cyniques. Ces dernières ne se préoccuperaient pas de la protection des nations, des cultures, des communautés dans un monde en pleine mutation.
Lors des différentes élections ou referendums nationaux, récurrents sont devenus les slogans exprimant la volonté des peuples de « reprendre le contrôle sur leur destin » (= take back control movement). D’où la vague populiste qui prétend avoir prise sur les événements par un mélange d’autoritarisme et de nationalisme. Le populisme prospère en opposant et labellisant des groupes divisés dans une société morcelée : employés contre employeurs ; non-diplômés contre diplômés ; les ruraux contre les citadins ; jeunes contre vieux ; « patriotes » contre « globe-trotters »...
En somme, les démocrates pro-européens doivent convaincre que la cohésion de ces groupes divisés est nécessaire pour contrer le populisme, affronter collectivement l’avalanche de crises et sauver l’Europe.
Ensemble !
Hannes JAFFRÉ