Auteur: Gwendal Rouillard
Du mercredi 25 au vendredi 27 octobre 2006, François Hollande s’est déplacé au Liban avec notamment Gwendal Rouillard – Premier secrétaire fédéral. Lors de ses entretiens avec les acteurs politiques – en particulier Walid Joumblatt et les responsables de la majorité du « 14 mars » – il a rappelé le soutien de la France et des socialistes à la souveraineté du Liban. A la suite d’une rencontre à Beyrouth avec le Général Pellegrini – commandant de la FINUL, le Premier secrétaire a également salué et encouragé le premier bataillon français au sud du pays.
Avec François Hollande et Gwendal Rouillard, la délégation se composait de Tony Dreyfus – Député-maire du Xe arrondissement de Paris, Joseph Tohmé – Délégué du secteur international pour le Liban, Faouzi Lamdaoui – Secrétaire national adjoint et deux collaborateurs : Karim Pakzad – Coordinateur du secteur international et Frédérique Espagnac – Attachée de presse du Premier secrétaire.
Les enjeux internes
Avec comme perspectives l’élection présidentielle de septembre 2007 et la tenue souhaitable en début d’année de la Conférence de Paris – qui doit contribuer au financement de la reconstruction et à l’émergence d’une structure Etat, la majorité du « 14 mars » [1] est sous pression du Hezbollah et de Michel Aoun. Le président du Parlement vient d’ailleurs d’ouvrir une phase de concertation de 15 jours pour permettre à ce dernier d’entrer au gouvernement. Deux alternatives : soit la majorité accepte cette hypothèse avec comme conséquence une certaine paralysie ; soit la majorité refuse et assume de probables manifestations…
Les enjeux régionaux
La démocratie et la stabilité du Liban dépendent évidemment du contexte régional. A ce titre, François Hollande a exprimé clairement et précisément les positions du Parti socialiste : application totale des résolutions 1559 et 1701 de l’ONU, condamnation des survols du Liban par l’armée israélienne, reprise des négociations israélo-palestiniennes afin de garantir un Etat palestinien, dialogue avec la Syrie mais fermeté sur l’indépendance du Liban, dialogue avec l’Iran mais fermeté sur le respect du Traité de non prolifération nucléaire. En pensant aussi à la situation en Irak, les futures élections au Congrès américain pourront avoir une influence nouvelle en Orient.
La responsabilité de la France et de l’Union Européenne
Avec la FINUL, la France et l’Union Européenne sont en première ligne pour permettre à l’armée libanaise de se déployer sur l’ensemble de son territoire. Le Général Pellegrini et les soldats français ont fait part à la délégation de l’accueil positif réservé aux soldats par la population. Les armées demeurent extrêmement vigilantes puisque l’instabilité régionale peut rapidement avoir des effets désastreux (attitude des Israéliens, rapport Hezbollah / Iran…). Sur un autre plan, François Hollande a appelé – à l’instar de la Région Bretagne – les collectivités locales dirigées par des socialistes à s’engager pour la reconstruction et la paix au Liban.
[1] A la suite de l’assassinat du Premier ministre Rafic Hariri le 14 février 2005, une manifestation a rassemblé plus d’un million de libanais le 14 mars à Beyrouth pour exiger une enquête internationale, le départ définitif des Syriens et l’organisation libre d’élections législatives. En juin 2005, les acteurs du 14 mars ont remporté ces élections ; les partis membres de la majorité – qui ont échangé avec François Hollande – sont notamment : le Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt, le Courant du Futur de Saad Hariri, la Gauche démocratique d’Elias Atallah, le Bloc national de Carlos Hedde, le Parti des Kataeb d’Amine Gémayel, les Forces Libanaises de Samir Geagea. L’opposition est composée du Hezbollah – qui a néanmoins deux ministres au gouvernement – et du parti de Michel Aoun. Le mouvement chiite Amal représenté par Nabih Berri – Président du parlement rencontré par la délégation – soutien le gouvernement tout en jouant un rôle de médiateur avec l’opposition.