Dans le cadre de la réflexion sur le projet 2007-2008, une conférence-débat s’est tenue, lundi 9 janvier sur le thème « Comment contribuer à un développement international partagé ? », animée par Simon Uzenat de la section de Vannes. Voici le compte-rendu et les propositions.
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L’objectif politique était double : réfléchir ensemble sur les enjeux internationaux qui doivent structurer notre approche et notre démarche pour les élections de 2007-2008 et faire des propositions (page 2) susceptibles de faire émerger cet espace collectif, local et international, du « vivre-ensemble », qui constitue notre horizon politique, par la défense d’une autre altérité fondée sur l’exigence partenariale.
Cet horizon est encore très largement flou : la consécration de la communautarisation et de la division comme mode d’organisation du monde et la valorisation de l’opposition systématique comme mode de règlement des conflits, au niveau international (ONU, enjeux environnementaux, terrorisme), européen (les non français et néerlandais et l’échec budgétaire), national et local (la crise des banlieues), la faillite des politiques de coopération qui ont engendré asymétrie et inefficacité, et la remise en cause du modèle démocratique ne doivent pas nous conduire au pessimisme et à la résignation, mais bien au contraire à la mobilisation énergique.
Il nous appartient de faire de nos territoires les lieux d’une nouvelle espérance pour le monde. Nous devons être porteurs d’un projet qui défende la réalité et la pertinence des interdépendances : la question du développement concerne tous les territoires, du Nord et du Sud ; l’extérieur ne peut être l’étranger, il est un autre nous, avec toute sa place, tous ses droits et tous ses devoirs. Le développement durable, entendu comme modalité de l’exercice politique, et la transversalité démocratique doivent devenir les référents de notre méthode.
Nos territoires sont marqués depuis plusieurs années déjà par un double mouvement d’internationalisation des enjeux locaux et d’implications locales des enjeux internationaux (ex. : agriculture). En remettant au coeur de nos exigences la pratique partenariale, en permettant à nos territoires de s’inscrire avec générosité mais aussi avec force dans l’espace international, nous serons en mesure de rendre un autre monde possible, à l’échelle locale et internationale
LES PROPOSITIONS
Lors de la conférence-débat, Simon UZENAT a fait plusieurs propositions, dans l’optique des programmes 2007-2008 (législatives, municipales, cantonales).
Trois objectifs les ont guidées : favoriser, au quotidien, à tous les âges de la formation (en particulier les jeunes et les étudiants/cherccheurs), une autre altérité, un autre regard sur l’extérieur, plus engagé et soucieux de compréhension, de dialogue, plus interrogateur et moins ethnocentré ; mettre en place de véritables politiques internationales à l’échelle de tous les territoires pour favoriser un développement partagé qui concerne le Nord et le Sud dans le cadre de réseaux de collectivités territoriales fonctionnant sur le mode de la contractualisation et soumis à l’exigence partenariale ; reconnaître tous les acteurs d’un développement international partagé (associations, fondations, entreprises, collectivités locales…) et en faire les acteurs, grâce à une démarche concertée, de la vie internationale du territoire (visibilité et crédibilité du territoire à l’international, engagements dans des actions de développement et de solidarité internationaux) tout en pensant aux nécessaires synergies à mettre en place avec les échelons supérieurs et en particulier la région.
Trois grands axes ont ainsi été privilégiés : pégagogie/éducation/formation, institutionnalisation des partenariats entre collectivités locales et mise en réseaux, émergence et développement des sociétés civiles.
– Pédagogie/éducation/formation : développement de la politique en faveur des échanges scolaires (dès la primaire), augmentation du nombre de bourses pour les stages et les études à l’étranger (en insistant sur les pays émergents) en l’incluant dans une logique de réseau (mutualisation) et en favorisant l’attractivité internationale de nos territoires (en faisant venir des chercheurs étrangers, notamment des pays du Sud) ; développer et soutenir tous les événements et les structures susceptibles d’améliorer la connaissance de l’Autre et les échanges symétriques (associations, entreprises/commerce équitable).
– Institutionnalisation des partenariats entre collectivités locales et mise en réseaux : favoriser et développer des partenariats avec des collectivités de taille et de fonction similaire dans les pays européens et émergents qui doivent faire face à des enjeux semblables (au moins une collectivité dans un des dix nouveaux pays membres de l’UE, au moins une dans les anciens quinze, au moins une dans un pays émergent – de préférence en Afrique).
– Émergence et développement des sociétés civiles : mise en place de maisons de la vie internationale à l’échelle des pays, lieux d’informations/ressources, de débats (venue d’intervenants étrangers) et de décision (conseil de la vie internationale constitué de représentants politiques du pays et de la société civile et chargé de gérer un budget financé par les collectivités locales, les entreprises et les associations – et l’Europe – en faveur du développement et de la solidarité internationale du pays).
Les réactions de la salle furent riches et nombreuses. La question agricole (autosuffisance alimentaire, agriculture raisonnée au Nord et au Sud, commerce équitable, micro-projets de développement) a été au coeur des débats et le moyen de bien souligner la différence fondamentale entre un développement partagé qui respecte, qui écoute l’Autre et qui favorise son autonomie, et un développement imposé symbolisé par l’importation autoritaire et souvent silencieuse de modèles de pensée et de production.
Dans le même esprit, et pour souligner la difficulté de changer les regards et de faire évoluer les mentalités, plusieurs interventions ont souligné l’asymétrie profonde qui régit les échanges culturels entre le Nord et le Sud, alors même que ces échanges constituent le substrat et l’expression de l’altérité. L’enjeu de la diversité culturelle (cf. Berder 2005) est donc central dans l’approche d’un développement international partagé.
Pour plus d’informations (bibliographie et liens internet):
– Les théories des relations internationales, Dario Battistella, Presses de Sciences-Po (Un ouvrage riche et complet sur les enjeux théoriques et pratiques des relations internationales)
– Les politiques étrangères, Frédéric Chatillon (dir.), La documentation française (Préface éclairante d’Alfred Grosser – aperçu intéressant des histoires et des enjeux propres à plusieurs grands pays, notamment occidentaux, en matière de politique étrangère)
– Nord/Sud, l’impossible coopération ?, Jean-Jacques Gabas, Presses de Sciences-Po (Accessible et synthétique sur l’histoire et les enjeux de la coopération)
– L’Occident et sa bonne parole. Nos représentations du monde, de l’Europe coloniale à l’Amérique hégémonique, Karoline Postel-Vinay, Flammarion (Un ouvrage stimulant qui incite à une remise en cause de nos schémas de pensée)
– Toutes les informations sur le Programme des Nations Unies pour le Développement : www.undp.org/french/
– Une analyse, toujours pertinente, du rapport 1998 par une spécialiste du droit international, Birgitte STERN : www.ridi.org/adi/199811a1.html
– L’Agence Française de Développement : www.afd.fr/jahia/Jahia/lang/fr/pid/1
– Un site très riche sur le développement durable, la solidarité internationale, les coopérations et le commerce équitable : www.crisla.org/