Par Nicolas Le Quintrec
On ne peut défendre l’idée d’une ville rassemblée et prétendre à la mixité en courant après la spéculation. On ne peut vouloir, pour tous, un logement économiquement accessible et une offre adaptée à la demande sans admettre le bien fondé d’une politique contraignante en la matière.
En effet, notre pays connaît aujourd’hui une réelle crise du logement et, plus généralement, une crise du vivre ensemble. Le défi qui se dresse devant nous, c’est celui de penser la ville de demain, d’imaginer une ville durable. Avec un déficit cumulé de 800 000 logements et plus de 3 millions de mal-logés, une production inadaptée à l’évolution des besoins (4 % de logements sociaux dont 24 % accessible aux bas revenus, effet « Robien »…), construite au mauvais endroit (logique ségrégative…), c’est la cohésion sociale et spatiale d’un territoire qui s’en trouve désorganisée. Le souvenir des violences urbaines de l’an dernier ou, sur un tout autre registre, les conflits d’usages en milieu rural avec l’arrivée des urbains sont là pour en témoigner.
C’est pourquoi, dans le cadre des débats préparatoires pour les échéances 2007 et les municipales prochaines, la Fédération du Morbihan a souhaité ouvrir une réflexion collective sur un sujet qui, à n’en pas douter, constitue l’une des préoccupations majeures de nos concitoyens.
Comment répondre à la demande de se loger ? Comment s’assurer que le droit au logement devienne inconditionnel ? Comment optimiser les politiques locales de l’habitat au moment où les restrictions budgétaires les frappent de plein fouet et au moment où l’Etat se désengage sur les Collectivités locales ? Comment articuler la question sociale avec celle de l’habitat pour définir une politique sociale du logement ?
Le challenge est à la fois quantitatif et qualitatif. Il réclame le soutien intensif à la production de logement équitablement répartie sur l’ensemble du territoire tout en garantissant la diversité des formes et de la nature de l’offre. Par ailleurs, relever le défi d’un toit pour tous exige d’intégrer le rôle du parc locatif privé par différents mécanismes d’intermédiation et de services résidentiels.
L’ampleur de la tâche est considérable et couvre de nombreux domaines comme celui de la solvabilisation des ménages. Plus que jamais, avec un taux d’expulsions en hausse de 45 % en 5 ans et un taux d’effort de près de 35 % par budget/logement, il devient impérieux, d’une part, de revaloriser les aides au logement et d’engager un desserrement des publics concernés. D’autre part, en écho à l’engagement pris par la Région Bretagne en 2004, il convient d’encourager une véritable politique HQE renforcée au niveau national par la mise en œuvre par l’Etat d’un grand programme de réhabilitation du parc ancien en faveur d’une réduction des charges, en particulier, en matière d’économie d’énergie.
De tout cela, la Fédération et la section de Vannes vous convient au débat lors de la conférence du 28 octobre prochain. L’objectif est bien de dégager une série d’orientations en faveur d’un nouveau modèle urbain et d’une nouvelle façon d’habiter.