Tribune de Jean-Yves Le Drian et Jean Pierre Mignard en réponse à l’appel de Michel Rocard pour une alliance PS-UDF

« Nous sommes socialistes et nous n’avons jamais eu peur de dialoguer avec les centristes. Dés le début des années quatre vingt, sous l’autorité de Jacques Delors, nous avons animé, chaque été, à Lorient, des rencontres où l’on débattait sans tabou de la modernisation démocratique des institutions, de la construction européenne et de tant d’autres sujets encore. On nous appelait les transcourants. Avec François Hollande et déjà Ségolène Royal, en compagnie aussi de Michel Rocard, nous avons ouvert toutes grandes les portes de la gauche. Certains, alors, nous l’ont reproché. Nous n’avons aucun regret.

C’est pour cela qu’aujourd’hui, sans sectarisme aucun, nous pouvons dire à Michel Rocard qu’il se trompe de méthode en prônant une alliance avec notre candidate et François Bayrou, avant même le 1er tour de la présidentielle.

Laissons d’abord les électeurs s’exprimer. Qu’ils départagent les projets, le 22 avril ! Ensuite, seulement, il faudra comprendre leur message et prendre les décisions qui s’imposent dans l’intérêt du pays. C’est dans la bataille de 2ème tour que se dessineront les contours de la majorité présidentielle. Le PCF, les Verts, José Bové ont déjà indiqué qu’ils rallieraient Ségolène Royal. Les électeurs de l’extrême gauche auront également à se déterminer en conscience. Si comme nous le pensons, François Bayrou n’est pas qualifié pour le 2ème tour, il aura lui aussi à faire son choix. C’est sa liberté et sa responsabilité. Elles sont entières comme le seront d’ailleurs celles de ses électeurs. Ce choix sera majeur.
Pour le moment, nous avons encore des raisons d’être dubitatifs. François Bayrou attaque durement Nicolas Sarkozy mais nombre d’élus UDF, dans les collectivités, maintiennent ou réaffirment leurs alliances avec l’UMP, quoique celle-ci lorgne vers le Front National . L’UMP a d’ailleurs choisi de ne pas présenter de candidats contre les candidats UDF sortants, aux prochaines législatives. Qui croire? Le candidat ou ceux qui se préparent à être des candidats communs UMP/ UDF? L’homme qui, chaque jour davantage, rompt dans le discours avec la droite dont il vient ou ceux qui pensent pouvoir continuer à gérer comme si de rien n’était. Ce préalable est une question de morale politique et de transparence démocratique pour les électeurs car la majorité présidentielle ne peut être à géométrie variable.
Tout peut aller très vite désormais. Mais là encore ne nous trompons pas de méthode. D’abord plaçons Ségolène Royal le plus haut possible de 22 avril pour qu’elle soit en mesure de l’emporter le 6 mai. C’est elle qui est au cœur de l’équation victorieuse. François Bayrou et ceux de ses amis centristes qui le suivront, seront les bienvenus s’ils vont jusqu’au bout de la démarche qui semble être parfois la leur, en soutenant Segolene Royal au second tour. Sur les institutions, sur l’Europe, il y a des projets importants à mener ensemble. C’est à cette grande tache qu’il faudra bientôt s’atteler. La gauche n’a rien à en redouter. La France a tout à y gagner. Nous sommes prêts. En attendant, commençons par le commencement, cher Michel Rocard, en votant dés le 1er tour pour Ségolène Royal. »

Jean Pierre Mignard, avocat, président des clubs Témoin
Jean-Yves Le Drian, président PS du conseil régional de Bretagne

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