Organisé par le Breis – Union régionale PS de Bretagne – et l’Union régionale PS des Pays de Loire, l e colloque sur les socialistes de l’Ouest, qui s’est déroulé à Lorient le samedi 30 septembre, a rassemblé plus de 200 adhérents et sympathisants. En présence d’acteurs politiques et d’historiens, cette rencontre a permis de réfléchir sur le passé, le présent et l’avenir des régions Bretagne et Pays de la Loire. Affirmant une vision social-démocrate, les intervenants ont insisté sur la nécessaire conjugaison des identités culturelles, des valeurs progressistes et des réalités vécues par les citoyens.
Voir le programme (word) : Programme Colloque.30.09.06
Social-démocratie
Identités, valeurs et réalités
Le colloque sur les socialistes de l’Ouest, qui s’est déroulé à Lorient le samedi 30 septembre, a rassemblé plus de 200 adhérents et sympathisants. En présence d’acteurs politiques et d’historiens, cette rencontre a permis de réfléchir sur le passé, le présent et l’avenir des régions Bretagne et Pays de la Loire. Affirmant une vision social-démocrate, les intervenants ont insisté sur la nécessaire conjugaison des identités culturelles, des valeurs progressistes et des réalités vécues par les citoyens.
Une construction politique et culturelle
La conquête de la Région Bretagne en 2004 par Jean-Yves Le Drian incarne une alchimie entre trois courants de pensée : l’Humanisme laïc héritier de la Révolution française, le christianisme social porté par de nombreux mouvements – CFDT, ACO, JAC, JOC, JEC, et le républicanisme démocratique qui s’est notamment affirmé sous la IIIe République. Après Christian Bougeard – historien à l’Université de Bretagne Occidentale à Brest – qui a rappelé la création de la Fédération SFIO de Bretagne en 1907, François Prigent – historien à l’Université de Rennes 2 – a précisé les éléments suivants pour les années 70 : « L’apport décisif procède d’une nouvelle génération militante, venue du centre-droit, intégrant au PS une frange des réseaux chrétiens progressistes qui participent de l’ouverture du vote socialiste et qui fait éclater les blocs politiques antagonistes (Blancs/Bleus et Blancs/Rouges). Autre composante du nouveau PS, les noyaux intellectuels du PSU (à l’exception notable des Côtes-du-Nord où le PSU draine 90 % des militants de la SFIO) contribuent à élargir la base sociale du PS après le mouvement des Assises (1975) selon des modalités d’intégration différenciées à l’échelle locale. L’expérience des clubs, lancée en Bretagne par la CIR (Conventionnels de Mitterrand) et réitérée par le courant du CERES (attaché à une alliance avec le PC), pèse moins numériquement mais leur absorption précoce fournit une part substantielle des cadres socialistes bretons. »
Un outil stratégique : le BREIS
François Prigent a également rappelé : « Le BREIS est impulsé par le géographe rennais Michel Phliponneau, tête pensante des leaders socialistes. Universitaire reconnu, il est à l’origine d’une école de pensée, initiant des travaux de recherches sur l’aménagement du territoire, le développement local, autour du concept central de décentralisation, en avance sur son temps. Célèbre par ses écrits (Debout Bretagne ! et Changer la vie, changer la ville), l’intellectuel socialiste s’inscrit dans la lignée d’organisations comme le CELIB (étant un des initiateurs du Comité d’Etude et de Liaison des Intérêts Bretons, créé en 1950), le PSU-Bretagne, l’Union Régionale CFDT, implantés avec réussite en Bretagne. Il emprunte la structure régionalisée, en phase avec l’autonomisation de ces courants proches du socialisme, cultivant les pratiques d’autogestion, répandues en Bretagne par le slogan du PSU « Vivre et travailler au pays ». La réunion inaugurale se déroule à la Halle Martenot de Rennes, le 11 septembre 1973, avec la venue de François Mitterrand attentif aux succès des élections de mars 1973 (Louis Le Pensec et Charles Josselin députés, Edmond Hervé CG). Les membres fondateurs (la « bande des 4 » plus Yves Le Foll et Francis Le Blé) établissent donc des pratiques de contact entre les fédérations, facilités par la proximité générationnelle et l’identité des formations politiques. Véritable plate-forme du PS en Bretagne, le BREIS coordonne les choix politiques et profite même de terrains privilégiés d’expérimentation (le CG des Côtes-du-Nord, les mairies des métropoles…). »
Projet 2007 et spécificités régionales
Norbert Métairie, Gwendal Rouillard, Bernard Poignant, Marylise Lebranchu, Stéphane Le Foll et Jean-Yves Le Drian se sont tous inspirés de ce processus historique pour évoquer le présent et l’avenir. Dans notre démocratie qui voit ses repères idéologiques s’effacer, ils ont insisté sur la nécessaire conjugaison des identités culturelles, des valeurs progressistes et des réalités vécues par les citoyens. Concrètement, plusieurs enjeux ayant un impact régional fort doivent être pris en compte par le Projet 2007 et le programme présidentiel : économie plurielle et diversifiée, diversité culturelle reconnue, équilibre des territoires, décentralisation approfondie pour une meilleure démocratie locale, ouverture européenne et internationale. Par l’affirmation de cette vision social-démocrate, les socialistes de Bretagne et des Pays de la Loire entendent peser davantage au sein du PS français et participer de cette manière aux victoires de 2007.