Discours de Benoît Hamon – Meeting à Paris – Bercy

 

Seul le prononcé fait foi

 

 

Mesdames, messieurs, chers amis, mes chers concitoyens,

Quel honneur…

Quel honneur d’être le porte-parole de nos idées, de notre vision, de notre projet, quelle immense responsabilité… Quelle immense et belle responsabilité car cette élection n’est pas une élection comme les autres, une élection parmi d’autres. Quelle responsabilité car nous avons rendez-vous avec l’Histoire, cette histoire tragique dont tant avaient proclamé la fin et qui aujourd’hui revient frapper à notre porte. Cette responsabilité je l’assume pleinement, je m’y suis préparé, lucidement, passionnément, sérieusement, en rencontrant les Français, mais aussi grâce à mon expérience, comme élu, comme ministre au service de l’Etat, au service de mes convictions les plus intimes et d’une vision claire du futur désirable que nous devons à nos enfants, et aux enfants de nos enfants.

Il existe, dans la vie des peuples, des moments charnières, des moments où se décide notre destin commun. Nous vivons l’un de ces moments. Ces élections sont l’un de ces moments. Alors je me présente devant vous, plein de l’humilité de ceux qui ont conscience de l’ampleur des défis et de la gravité des temps. Nous voterons dans quelques semaines alors que le Brexit a eu lieu, alors que l’Europe risque de se défaire sous nos yeux, alors que Trump est devenu Président des Etats-Unis, que Poutine semble maître du jeu, que la dynastie xénophobe du Front National est aux portes du pouvoir chez nous, que DAECH nous met encore et toujours à l’épreuve. Nous voterons alors que le réchauffement climatique gagne la planète, alors que notre modèle de croissance atteint ses limites, alors que le travail se transforme sous l’impact de la révolution numérique, alors que des inégalités toujours plus grandes ébranlent notre organisation sociale, alors que nos institutions verticales semblent à bout de souffle. Alors qu’un doute immense s’est emparé de notre peuple sur son identité, ce qui nous définit en tant que Français.

Voilà le contexte dans lequel nous allons voter.

Voilà les questions auxquelles chacun des candidats devrait répondre.

Voici les angoisses qu’il nous faut dépasser.

Cette journée elle-même nous rappelle que la médiocrité des vicissitudes politiciennes n’est rien face à notre responsabilité, immense, devant l’Histoire et le moment que nous vivons.

Nous sommes le 19 mars, une de ces dates noires qui ont endeuillé la République. Je ne peux pas m’adresser à vous aujourd’hui sans évoquer, avec la même tristesse et la même révolte, les noms de Myriam Monsonégo, 8 ans, Gabriel Sandler, 3 ans, son frère Aryeh, 6 ans, leur père Jonathan, tué en tentant de les protéger dans l’école Ozar Hatorah. Et quelques jours auparavant, eux aussi lâchement assassinés, les militaires, Imad Ibn Ziaten, Abel Chennouf, Mohamed Legouad. Je vous demande de vous lever et de respecter une minute de silence en leur mémoire, mais aussi, puisque nous sommes ici à Paris, en la mémoire des victimes de Charlie Hebdo et de l’Hypercacher, des victimes de Nice comme de Saint Etienne du Rouvray, de la jeunesse fauchée au Bataclan et dans l’insouciance des terrasses alentours, et de toutes les victimes du terrorisme tuées parce que journalistes, caricaturistes, parce que juives, parce que policières, parce que militaires, parce que prêtres, parce que françaises, parce que libres.

Je me suis interrogé sur notre réaction collective après les attentats de Toulouse et de Montauban. Sur ce qu’elle disait de nous… En ce mois de mars 2012, pour la première fois depuis l’Occupation des enfants étaient assassinés en France parce qu’ils étaient juifs, en même temps que des militaires d’origine arabe étaient tués parce qu’ils servaient leur pays. C’était le plus beau visage de la France qui était attaqué, nous aurions dû, ce jour-là, être des millions dans les rues.

Mais la campagne présidentielle battait son plein, déjà marquée par les outrances, les discours contre les étrangers, les Roms, les musulmans, déjà,

Marquée par les affaires, les rassemblements au Trocadéro, déjà

les attaques contre la presse, contre les juges, contre les syndicats, les querelles picrocholines, les trahisons déjà,

les polémiques quotidiennes qui finissent par tous nous détourner de l’essentiel.

Or l’essentiel c’est l’unité de la Nation, notre capacité à débattre de notre avenir commun dans le respect mutuel, à comprendre que la France est une idée plus grande que chacun d’entre nous qui exige de la dignité.

Et je veux à cet instant remercier en votre nom, et au nom de tous les Français, non seulement les femmes et les hommes qui assurent la sécurité de notre Nation, dans les rues de nos villes comme sur les théâtres d’opérations à l’étranger, mais aussi trois personnes qui tout au long de ce quinquennat ont fait primer le service de l’Etat et la protection des français sur toute autre considération: je vous demande de saluer comme ils le méritent le Président de la République François Hollande, le Premier Ministre Bernard Cazeneuve et le ministre de la Défense Jean-Yves le Drian.

Oui, à mes yeux, la République comptera toujours plus que les péripéties politiques.

Je ne me résigne pas à ce que cette élection se résume à une chronique judiciaire ou à une fièvre sondagière.

Je refuse que le grand débat démocratique auquel les Français ont droit leur soit confisqué par quelques grands intérêts et petits arrangements.

À cet égard, votre présence est un message. A tous ceux qui espèrent ou redoutent une élection jouée d’avance, nous disons : tout commence aujourd’hui…

Tout commence avec vous, tout commence par vous, aujourd’hui n’est pas seulement le premier jour du combat qui doit nous mener vers la victoire, c’est le premier jour de la transformation que nous voulons pour le pays.

Oui, c’est aujourd’hui que tout commence.

Et ce jour, nous l’avons imaginé comme nous imaginons, nous, la politique: en rupture avec la déprime que la classe politique actuelle, par son comportement comme par son fonctionnement, impose au pays.

Par leur faute, la France est en burn-out démocratique.

Il nous incombe à nous, je l’ai souvent dit en reprenant ce joli mot de Camus, de casser la “machine à désespérer”.

Alors nous avons voulu cette journée à l’image du changement que nous portons: fraternelle, heureuse, rassemblée

parce que nous savons, nous, que l’on est toujours plus forts, ensemble, pour agir, pour réfléchir, pour inventer, pour entreprendre, pour bâtir, et, n’en déplaise à ceux qui voudrait étouffer la voix du peuple de gauche dans cette élection : pour gagner.

Je suis venu vous dire que la gauche peut gagner, doit gagner. Parce que ce qui est en jeu ici, ce n’est pas le destin d’un homme. La gauche c’est un souffle qui vient de loin, du coeur des luttes qui ont façonné nos êtres en tant que Français, en tant que républicains, en tant que socialistes.

Je me présente devant vous escorté d’un long cortège de combats, d’idéaux, de héros, je me présente devant vous avec nos morts et leur message de vie, leur chant d’espoir, leur quête de progrès sans cesse renouvelée, sans cesse répétée, et qui a apporté à la France ses plus grandes conquêtes sociales.

Ce sont cette Histoire, ces combats, ces ruptures que j’assume, que je revendique, que je continue.

Je sais que l’histoire de France est un bloc, comme la Révolution. Mais je ne confonds pas la Révolution et la Restauration, les communards et les versaillais, Barrès et Zola, les dreyfusards et les anti-dreyfusards, je ne confonds pas l’histoire de Fernand Braudel et celle de Charles Maurras.

En temps de crise, la clarté est plus que jamais nécessaire.

La clarté sur la filiation, la clarté sur le projet, la clarté sur l’horizon.

Et nous avons trop longtemps manqué de clarté.

Nous, la gauche, nous avons trop cédé de terrain aux déclinistes, aux réactionnaires, aux tenants du repli, du rejet.

Nous avons fini par ne plus savoir qui nous étions.

Ce que je vous propose, c’est de descendre à nouveau dans l’arène démocratique et de reprendre pied à pied ce que nous avons perdu.

Ce que je vous propose, c’est de renouer avec ce génie du socialisme français : mettre l’audace la plus révolutionnaire au service du réformisme le plus sérieux, conjuguer la loyauté totale à nos valeurs et l’ouverture totale aux idées nouvelles.

Salut aux intellectuels, aux enseignants, aux chercheurs, aux femmes et hommes de lettres et de Culture dont j’ai voulu la présence parmi nous aujourd’hui. Ici, vous êtes respectés, aimés, vous êtes indispensables comme est indispensable la Culture pour redonner du sens à une société en perte de repères, comme la Culture est indispensable à la gauche pour comprendre le monde d’aujourd’hui et penser le monde de demain !

Je veux que cette élection, où aucun débat de fonds n’a eu lieu, où rien n’a été dit ni demandé aux Français, soit remise à la hauteur des enjeux, à la hauteur de la France, à la hauteur de l’Histoire.

Il est temps, aussi, qu’elle soit remise, comme l’écrivait Blum, “à l’échelle humaine”.

Ma détermination est totale parce que je sais pour qui je me bats.

Nous avons, ces dernières semaines, affronté des vents contraires, et même une forte houle, certains avaient d’ailleurs quitté le navire avant le premier zéphyr…

Je vais vous faire une confidence : c’est peut-être un trait de caractère assez breton, mais je sais garder la nuque raide face à l’épreuve, je tiens bon dans la tempête, “fluctuat nec mergitur” comme dirait Anne Hidalgo, cette exceptionnelle maire de Paris que je remercie de nous accueillir aujourd’hui et d’être à mes côtés !

Il y a quelques jours, j’étais d’ailleurs à Brest, parmi les miens, entre l’avenue Jaurès et Recouvrance, le quartier de l’Arsenal, dont beaucoup d’anciens étaient présents dans la salle.

Et devant eux, je n’ai pas seulement ressenti de la fierté, celle de succéder ici à François Hollande, Ségolène Royal, Lionel Jospin, François Mitterrand qui disait que “porter l’espoir et le combat des Socialistes, c’est la justification d’une vie”.

J’ai ressenti mon devoir.

Ces dernières semaines n’ont ébranlé aucune de mes convictions, elles les ont confirmées : j’ai en moi, dans cette bataille, la force invincible parce que collective de celles et ceux qui ont toujours défendu la gauche et que la gauche doit toujours défendre.

J’ai le devoir de ne pas céder face à la machine à désespérer, la machine à broyer la gauche. Je ne céderai rien face à ceux qui représentent le monde d’hier, les idées d’avant-hier, ces mêmes privilégiés qui sont là depuis la nuit des temps et qui risquent de nous entraîner dans une longue nuit pour la République !

Vous les connaissez, ces gens bien informés, bien nés, bien entre-eux surtout, qui nous disent depuis toujours ce que le pays doit faire, doit penser, et le conduisent d’échec en échec avec la même constante arrogance.

Ces sophistes qui nous expliquent que la réponse à la crise sociale, c’est un peu moins de Code du Travail,

la réponse à la crise écologique c’est un peu plus de nucléaire, la réponse à la crise démocratique un peu plus de culte de l’homme providentiel.

Ces gens qui enjoignent la gauche de changer son logiciel, mais qui l’attaquent encore plus violemment lorsque nous apportons des solutions et des idées nouvelles.

Ces gens qui ricanent lorsque nous parlons d’un traité budgétaire européen ou d’une contribution sur la valeur ajoutée des robots, et qui sont gênés lorsque ces idées sont portées par un économiste de renommée mondiale, Thomas Piketty, et un entrepreneur de succès mondial, Bill Gates.

Leurs noms changent, leurs méthodes restent.

En 36, ils surnommaient Léo Lagrange, secrétaire d’Etat aux Sports et aux Loisirs de Léon Blum, le “ministre de la Paresse”. Ils ne sont pas très inventifs, ils ont recyclé la caricature à propos du Revenu Universel d’Existence !

Ils ont juste oublié, en passant, que c’était le dernier pilier du programme du Conseil national de la Résistance : « la garantie d’un niveau de salaire et de traitement qui assure à chaque travailleur et à sa famille la sécurité, la dignité et la possibilité d’une vie pleinement humaine ».

Il y a ainsi une petite coterie dans ce pays qui fait l’éternel procès en illégitimité de la gauche, qui n’a jamais accepté Mai 36, Mai 68, Mai 81, qui supprimerait le joli mois de mai si elle le pouvait et qui tente de nous voler Mai 2017 !

Et au fond que nous disent-ils ? Toujours la même chose : “abjurez ! Dites que vous n’êtes pas de gauche, que vous êtes “progressistes, sociaux libéraux”, que sais-je... Ou alors dites que vous ne voulez pas gouverner !”

Ah qu’ils nous aiment quand nous ne sommes que la pâle copie de nous-mêmes, ou à l’inverse des protestataires, des idiots utiles qui restons dans la pureté et surtout, surtout, dans l’opposition !

Ils nous disent : “oubliez votre histoire, oubliez vos espoirs, oubliez votre devoir envers la République”.

Que croient-ils ? Que nous allons passer un siècle de combats par pertes et profits ?

Hé bien je vais encore les décevoir, et je ne m’en excuse pas. Parce qu’il faudrait que j’oublie quoi ?

Il faudrait que je renie quoi ? Les mineurs de Carmaux que défendait Jaurès ou bien les ouvriers de Florange ou Whirlpool ?

Les congés payés de Blum ou bien les 35 heures et la CMU de Martine Aubry ?

Le chant d’Aragon ou celui de Ferrat ?

Le verbe de Victor Hugo ou les films de Costa Gavras ?

L’abolition de l’esclavage avec Victor Schoelcher ou bien anticolonialistes contre la Guerre d’Algérie ?

L’abolition de la peine de mort avec Robert Badinter ou bien le mariage pour tous avec Christiane Taubira ?

La jeunesse en liesse place de la Bastille, la jeunesse révoltée contre les lois Devaquet et contre le CPE, la jeunesse de chez moi à Trappes, qui a des rêves plus grands que l’avenir étriqué qu’on lui assigne ?

Et dans le bilan du quinquennat, je sais que nous pouvons trouver de la fierté : je suis fier de la retraite à 60 ans pour les carrières longues, je suis fier du tiers payant généralisé, je suis fier des 60 000 postes créés dans l’Education nationale, de la l’effort engagé en faveur de la transition énergétique, je suis fier de la loi ALUR, je suis fier de la garantie jeune.

Nous n’oublierons rien, nous n’abandonnerons personne, nous ne renierons rien de ce que nous sommes, parce que nous sommes la gauche, parce que nous sommes fiers d’être la gauche. Nous avons toute notre place dans l’histoire de la République autant que dans le grand débat démocratique !

 

je sais que certains disent “la gauche, c’est moi”, cédant encore un peu plus à la Ve République, moi je dis “la gauche, c’est tout ce que je suis, la gauche c’est ma vie”.

C’est ma vie, depuis les premiers tracts distribués à Brest, la première confrontation avec la brutalité du FN, et sans doute avant: depuis la fascination enfantine pour le savoir-faire ouvrier, pour ces mains d’or des chantiers navals, depuis Dakar où je remercie mes parents et l’Afrique de m’avoir appris que la fraternité peut être aussi simple que les jeux d’enfants que nous avions à l’école, jusqu’à l’immense responsabilité de porter avec vous l’avenir de la gauche.

Je sais d’où je viens. Je sais à qui je suis fidèle.

A ceux qui m’ont montré l’exemple.

A celui qui commença à 16 ans comme apprenti puis ouvrier à l’Arsenal, à celle que rien n’empêcherait, même une petite retraite après une vie de secrétaire, de préparer chaque année les étrennes de ses enfants.

Leurs cadeaux, ce furent l’amour du travail bien fait, le sens de la générosité, même quand on est durs à la peine, et leur volonté absolue que leurs enfants puissent avoir une vie plus facile grâce à leurs études.

Oui je sais d’où je viens.

Et de là me vient l’aversion de ceux qui sont si durs avec les faibles et si faibles avec les puissants.

Mes parents ne m’ont pas seulement offert, un peu malgré eux, une conscience politique, ils m’ont offert le plus important dans une vie d’homme: une morale et une éthique.

Oui, ma famille, mon identité, ma vie c’est la gauche, mon combat c’est la gauche, ma fierté c’est la gauche.

Alors je vous appelle à la révolte face à ceux qui prédisaient l’échec des primaires, qui n’en voulaient pas, et qui aujourd’hui voudraient ignorer le vote populaire.

C’est ce manquement à la parole donnée, ce mépris de l’expression démocratique qui exaspèrent tant le peuple qu’ils finissent par le jeter dans l’aventure du Brexit, dans les bras de Monsieur Trump ou de Madame Le Pen, qui nourrissent ce nihilisme qui éteint chaque jour davantage l’esprit républicain dans le coeur de nos compatriotes.

 

2) Si je porte le flambeau de la gauche, c’est pour rallumer la flamme de la République.

 

Je veux d’abord le dire solennellement : le parti de l’argent a trop de candidats dans cette

élection.

Il a plusieurs noms, il a plusieurs visages, il a même plusieurs partis désormais. L’argent a mis son emprise sur cette élection.

L’un nous dit, moderne comme le Père Guizot sous la Restauration: “enrichissez-vous !”.

Les deux autres pensent: “enrichissez-nous !”.

Il existe dans cette campagne une certaine vision de la France qui n’est pas la mienne. Un pays considéré comme une entreprise. Un gouvernement vu comme un conseil d’administration du CAC 40. Un pays réduit à une part de marché flottant désincarné au gré des agences de notation et des injonctions des places financières.

Un pays où l’argent serait roi. La seule raison d’être.

Un pays où les alternances démocratiques deviendraient sans objet puisque gauche et droite travailleraient en apparence ensemble pour l’entreprise « France », et en réalité au service des gagnants, de celles et ceux qui, quels que soient les aléas de la vie, se maintiennent au pouvoir.

Vous êtes chômeurs ? créez votre entreprise !

Vous êtes pauvre ? devenez milliardaire !

Vous n’avez qu’un tee-shirt ? allez-vous acheter un costume !

Mais si vous voulez votre part des richesses et du pouvoir qui nous appartient de tous temps alors passez votre chemin !

Je ne crois pas pour ma part que le marché puisse guider le coeur des hommes et des femmes.

Je ne crois pas que la France soit une entreprise ni que les Français rêvent d’en être les actionnaires.

Je n’ambitionne pas de devenir le PDG du site « France » mais bien de devenir le Président de la République au service exclusif des françaises et des français.

Je ne crois pas davantage qu’on puisse trouver les solutions du monde qui vient dans le bréviaire libéral des années 80, dont les prescriptions ont tué plus de malades qu’elles n’en n’ont guéri.

Nul ne peut servir deux maîtres, la République et l'argent. Le peuple et l'argent. La France et l'arg ent. Dans cette campagne polluée par l'argent, ils pensent à la taille de leurs châteaux, de leurs compte en banque, ou peut-être de leurs costumes...je ne pense qu'à la grandeur de notre pays. Ils ne pensent qu'au pouvoir, je ne pense qu'à mon devoir. Ils sontcandidats pour réaliser leur destin ou assurer leur avenir, je serai Président pour préparer notre futur. Ils ne pensent qu'à la présidence, je ne pense qu'à la République. Ils ont le sens des affaires, j'ai le sens de l'Etat.

Je n’ai pas d’”offre politique” comme eux mais un projet pour la France. Je refuse ce qu’Herbert Marcuse appelait l’homme unidimensionnel, obligé de penser comme lui dictent les grands intérêts et le marketing, qui consomme de la politique comme on consomme des yaourts.

Et je refuse que cet oligopole bien structuré prive en réalité le citoyen de tout choix.

Je crois que c’est un carcan dangereux celui dans lequel on tente d’enfermer les citoyens :

ce serait soit les candidats rattrapés par les affaires, soit le candidat du monde des affaires, soit les candidats des intérêts cachés soit la candidate de la haine assumée.

C’est cela le vote utile ? Ils prétendent faire barrage au Front National demain, mais ils lui font surtout un pont pour après-demain.

Je crois que l’indifférenciation est dangereuse pour la démocratie. Je crois au plus profond de moi, dans la tradition de Pierre Mendès France, que la République c’est le droit et le devoir de choisir, pour les gouvernants comme pour les citoyens.

Ce choix, cette clarté, ils sont inscrits dans l’ADN de la République, ils la précèdent même puisque c’est le 11 septembre 1789, sur la question du droit de veto du Roi, que naquirent la droite et la gauche à l’ère moderne dans notre pays.

Je ne suis pas, par je ne sais quel sectarisme, opposé à des majorités de progrès qui dépassent les appareils politiques.

Mais tout est dit : “Majorité. De. Progrès.”

Ce fut le cas du Conseil national de la Résistance où communistes, socialistes, gaullistes, radicaux, furent capables de créer ensemble la Sécurité sociale.

Et même en 1988, le Gouvernement ouvert de Michel Rocard réalisa le RMI et les Accords de Matignon.

Mais enfin, si cette élection nous enseigne bien quelque chose, c’est que n’est pas le Général de Gaulle ou Michel Rocard qui veut !

Alors oui, je préfère la clarté, je préfère porter un projet clair, pour une majorité claire.

On a parfois caricaturé mon projet social-écologique, mais je l’avoue, c’est un grand défaut quand il faut être dans l’air du temps : je préfère que l’avenir de la France repose sur les éoliennes plutôt que sur des girouettes...

Plus sérieusement, c’est dans la pénombre, dans cette opacité, dans cette confusion que prospèrent ceux que l’historien israélien Zeev Sternhell appelle les “anti-Lumières”.

Face aux dangers nouveaux et aux défis anciens, notre société n’a pas besoin d’élites faibles mais d’une République forte.

Elle n’a pas besoin de ces nuées de césars et de tribuns interchangeables à la recherche de buzz sur les chaînes d’information continue.

Elle a besoin d’une voix qui affirme, avec fermeté et bienveillance, ses valeurs fondamentales, qui affirme la primauté de l’émancipation face à toute forme de domination.

Avec moi, la République parlera de cette voix bienveillante mais ferme.

A tous ceux qui ne respectent pas ses règles, la République dira : « On ne vous laissera pas tranquilles ! » La déclaration des droits de l’homme et du citoyen proclame la sureté comme un des quatre droits fondamentaux et imprescriptibles de l’homme. Il m’est douloureux de constater que ce sont souvent le plus vulnérables qui sont le moins bien protégés.

Je crois à la police de proximité, je veux donc 5 000 policiers et gendarmes supplémentaires, parce que les plus faibles dans notre société sont toujours les premières victimes de l’insécurité.

En tant que républicain, en tant que futur garant de son indépendance, je crois en la Justice.

C’est un service public qui souffre de manquer de moyens, d’accessibilité et du soupçon d’être plus arrangeants avec les uns qu’avec les autres.

Je veux qu'on la respecte de la base jusqu'au sommet de la société, je veux une justice qui a non seulement les moyens de faire son travail mais aussi le respect qui lui est dû dans la République.

Je veux réhabiliter la règle commune dans la République, que cesse le deux poids deux mesures, que ce ne soit plus selon que vous serez puissant ou misérable, Je veux donc créer un droit de la victime dans le code pénal.

je veux donc renforcer les corps d’inspections doivent permettre de faire respecter le droit du travail, les règles sanitaires et vétérinaires, les règles fiscales…

En tant que républicain, je crois à l’autorité de la loi, et si comme moi des voix aussi sérieuses et diverses comme celles de nos camarades du PRG, dont Sylvia Pinel que je remercie d’être là, prônent la légalisation du cannabis, ce n’est pas par je ne sais quel laxisme, mais pour assécher au contraire l’économie souterraine qui pourrit certains de nos quartiers.

On ne laissera pas aussi ceux qui veulent nous diviser, les intégristes, les communautaristes, ceux qui veulent substituer leur loi à celle de la République, je ne le tolérerai jamais parce que la laïcité c’est le droit de croire comme de ne pas croire, c’est ce qui nous est commun, c’est la liberté d’être.

On ne laissera pas tranquilles ceux qui croient que le racisme, l’antisémitisme, le sexisme, l’homophobie, que toutes les discriminations sont “acceptables”, avec moi elles ne le seront jamais et la police, elle-même exemplaire grâce aux récépissés de contrôles d’identité, veillera à ce que ces délits-là, aussi, soient traqués.

L’exemplarité, c’est la condition de la confiance, c’est la condition de la concorde civile, je condamne les violences policières inacceptables quand elles se produisent, comme la déplorable agression du jeune Théo, exactement pour la même raison que je condamne totalement les violences contre les forces de l’ordre : parce que je veux que l’autorité de l’Etat soit respectée. Cela vaut pour tous les représentants publics.

On ne laissera pas tranquilles enfin ceux qui sapent l’autorité de l’Etat en n’étant pas exemplaires à son sommet, je renforcerai les obligations de transparence et seules les personnes qui disposent d'un casier judiciaire vierge pourront être candidates aux élections, je renforcerai l’action de moralisation de la vie publique parce que le soupçon est le pire ennemi de la démocratie.

Aux citoyens, la République dira : “agissez” !

Vous, citoyens, êtes souvent plus loyaux à l’esprit de la République que vos dirigeants, alors devenez vos propres dirigeants, parce que c’est cela l’esprit de la “démocratie jusqu’au bout” que nous voulons.

Je demande à chacun de s'engager, d'être acteur de sa propre vie, c’est plus exigeant que le mauvais accord de mécontentement permanent qui vous lie à la classe politique, mais c’est tellement plus exaltant.

Citoyens, vous avez aujourd’hui la classe politique que vous méritez, alors remplacez-la, prenez le pouvoir !

Avec le 49-3 citoyen, avec plus de proportionnelle, avec enfin, enfin, la VIe République plus nécessaire chaque jour qui passe.

Avec la promesse enfin tenue, que je n’abandonnerai jamais parce qu’elle est le symbole de notre attachement à une République ouverte, du droit de vote des étrangers aux élections locales, sur lequel j’organiserai un référendum dès le lendemain de mon élection !

Avec le renforcement du non-cumul des mandats, parce que le pouvoir n’est entre de bonnes mains que lorsqu’il change de mains.

A la jeunesse, à la génération qui vient, la République dira à nouveau : espérez !

Il y a un siècle, dans un lycée du Tarn, un jeune professeur confiait aux élèves qui l’écoutaient : “les hommes qui ont confiance en l’homme savent cela. Ils sont résignés d’avance à ne voir qu’une réalisation incomplète de leur vaste idéal, qui lui-même sera dépassée ; ou plutôt ils se félicitent que toutes les possibilités humaines ne se manifestent point dans les limites étroites de leur vie.” Il s’appelait Jean Jaurès.

Il fut assassiné par l’extrême-droite, qui a tué tant des vôtres, qui a tué Guy Moquet, qui a tué Brahim Bouarram, qui a tué les jeunes militants sur l’ile d’Utoya par la main armée du terroriste Breivik, qui a tué Clément Méric en plein Paris. Ne laissez pas leurs idées empoisonner vos esprits, parce que leurs idées tuent.

Ne les laissez pas vous diviser selon votre naissance, votre quartier, votre couleur de peau, votre religion, votre nom, l’origine de vos parents. n’admettez jamais qu’un seul de vos amis soit obligé de baisser la tête, dans la rue, en raison de ce qu’il est ou ce qu’il parait.

Ne les laissez plus raviver des plaies que vous devrez fermer. Cinquante cinq ans après, tous les Français qui ont laissé une partie de leur coeur en Algérie, qui y ont une partie de leur histoire qui les trop souvent et trop longtemps divisés se réunissent. Je veux qu’ils nous aident à élaborer et dire une histoire partagée de l’Algérie et de la colonisation et une façon de s’en rappeler. La paix des armes et l’indépendance c’était en 1962, il y a cinquante cinq ans avec les Accords d'Evian, mais la paix dans les coeurs elle n’est pas encore là. Il est temps, je ferai tout pour cela, qu’elle advienne.

Soyez les fiers dépositaires du génie français, capable de faire vivre ensemble des femmes et des hommes venus du Pays Dogon comme du Pays Basque, des hauts terrils du Nord et du Pas de Calais comme des montagnes de Kabylie, qui parlent breton ou portugais, ces femmes et hommes qui portent en eux une histoire, une langue, l’odeur d’une cuisine ou le souvenir d’un paysage, une identité complémentaire, personnelle, intime, qui n’est pas une menace mais une richesse pour l’identité collective.

Sachez d’où vous venez.

Revendiquez fièrement l’héritage de Montaigne et de Rabelais, de La Boétie et de Castellion, de tous ces penseurs qui, dès le XVIème siècle, ont célébré les libertés, la tolérance, les échanges et les mélanges qui font la singularité de la France !

Vous êtes les descendants des patriotes qui ont un beau jour de 1789, proclamé que les hommes naissaient libres et égaux et que tel devait être désormais notre horizon commun, le sens donné à notre existence collective.

On vous explique aujourd’hui que les droits de l’homme ne sont plus d’actualité, qu’il ne faut pas être « droit-de-l’hommiste », cette étrange insulte au pays des droits de l’homme ?

Quelle inversion, quelle trahison de notre Histoire !

Souvenez-vous, soyez fiers au contraire, fiers de 1789 et de 1848, fiers de Zola et de son combat pour Dreyfus et l’humanité toute entière mortifiée à travers lui, fiers de ces Français qui ont su parler à tous les hommes, fiers de ces Français qui ont accueilli les exilés, les persécutés, les bannis et les honnis, fiers de ces Français qui ont combattu aux côtés de la République Espagnols et de ces républicain espagnols qui sont devenus ensuite les plus français des Français, fiers de ces Français qui ont créé la Cimade pour venir en aide aux réfugiés d’hier, fiers de ces « justes » qui ont ouvert les portes de leurs Eglises ou de leurs maisons aux Juifs pourchassés, fiers de ces Français qui sont allés jusqu’en Mer de Chine pour secourir les boat-people, fiers de ceux qui sauvent des vie aujourd’hui en Méditerrannée, leurs dignes héritiers, fiers, oui fiers, mille fois fiers de notre altruisme.

On vous taxera d’idéalistes ? La belle affaire…

Et puis, ça veut dire quoi ?

 

Reprendre les mots d’une chancelière allemande de droite pour les réfugiés, ce serait devenu un crime ?

Non, la France n’est pas devenue cela, elle ne deviendra jamais cela, elle ne peut simplement pas être ce pays recroquevillé sur lui-même, ayant peur de l’autre comme de la peste et regardant le monde comme une seule menace.

Ne les laissez pas enlaidir la France !

Aimez plus la France que ceux qui passent leur temps à décréter sa mort, plus que ces néo-conservateurs qui décrient constamment ses institutions, ses idéaux, ses pratiques, ses modes de vie, plus que les xénophobes qui ne supportent pas ses couleurs, ses mélanges, ses échanges, plus que les réactionnaires qui refusent ses évolutions, ses changements, ses progrès.

Votre France, notre France, la France de toujours et celle de demain, n’est simplement pas la leur et nous ne l’aimons pas comme eux, dans la haine de l’autre et le ressentiment.

Nous l’aimons ouverte, généreuse, solidaire, innovante.

Souvenez-vous que nous sommes le pays de la Nuit du 4 août 1789, cette nuit de l’abolition des privilèges qui fut la grande quête française.

Ne laissez personne vous assigner au déterminisme, à la fatalité de l’héritage que dénonçait Pierre Bourdieu.

A vos rêves ne mettez aucune limite, vous pouvez être le prochain Thomas Pesquet, le prochain Omar Sy, la prochaine Najat Vallaud Belkacem.

Soyez des innovateurs, des explorateurs, des modèles pour les générations suivantes.

Soyez simplement des citoyens engagés dans la Cité, soucieux d’humanité, passionnés de solidarité comme je sais que vous l’êtes, loin des caricatures d’une génération moins généreuse que ses aînées, dont le seul horizon serait d’accumuler les millions pour assouvir son consumérisme égoïste.

Je vous dis: comme vous je crois en l’effort, en la valeur du travail, et je serai un Président qui redonnera autant de lustre au mot d’égalité qu’à celui de mérite.

J’aime cette définition de la gauche que donne mon ami Mathias Fekl, représentant de cette nouvelle génération, qui pourrait être une belle vision de la République : “ C’est la conquête des progrès sociaux, la défense de ceux qui travaillent, innovent, inventent, la protection de ceux qui souffrent.”

Enfin j’ai un dernier message à la jeunesse, elle s’adresse à quelqu’un en particulier, ou plutôt quelqu’une...

Je dis à la petite fille, à la jeune femme qui m’écoute, dans cette salle ou sur un écran loin de nous :

j’ai hâte que tu sois ici à la place que j’occupe. Parce que je serai un président féministe.

Et je mettrai tout en oeuvre pour que l’inégalité entre les femmes et les hommes, l’inégalité salariale, professionnelle, politique, les stéréotypes, les violences, ne soient, pour la prochaine génération, qu’une étrange aberration dans les livres d’histoire.

Mon message à la jeunesse est confiant.

Face aux épreuves, nombreuses et inédites que connaîtra votre génération, ne soyez jamais résignés,

espérez toujours, soyez le coeur brûlant de la gauche, soyez le coeur battant de la France.

Vous êtes la France qui ressemble au monde, la génération du Tout-monde qu’a si bien comprise cet immense poète que fut Edouard Glissant, «ouvrez au monde le champ de votre identité !» comme il nous y invitait, vous avez tous les atouts pour le conquérir !

 

3) Etre de gauche aujourd’hui, c’est avoir les yeux grand ouverts sur le réel, sur les beautés et les désastres du monde, sur tous les dangers et sur tous les possibles.

La gauche ne peut pas, si elle veut porter un progrès global pour le XXIe siècle, mentir comme la droite et l’extrême-droite aux Français en leur promettant que la France restera, dans la nostalgie de temps qui n’ont jamais existé, un musée à ciel ouvert, le pays des Choristes et d’Amélie Poulain.

Nous sommes cela mais nous ne sommes pas que cela.

Nous vibrons aussi avec les révolutions arabes, les manifestations anti-corruption en Roumanie ont un écho jusque dans notre actualité, notre panthéon accueille autant l’héroïsme de Jean Moulin que celui de Mandela, nous sommes exaspérés par les tweets de Donald Trump, émus par ceux d’Ai Wei Wei auprès des réfugiés, terrifiés par ceux des Bruxellois pendant les attaques terroristes. Pour le pire et pour le meilleur, nous sommes la génération la plus affranchi de l’espace et du temps de toute l’histoire de l’Humanité. Qu’allons nous faire de cette opportunité inouïe ?

Allons-nous fermer les yeux sur les injustices folles de ce monde ? Huit hommes détiennent autant que 50% de la population mondiale, 130 millions de repas sont servis par hiver aux Restos du Coeur dans notre pays.

Allons-nous fermer les yeux sur les 8 millions de mal-logés de notre pays et dire comme je l’entends “150 000 logements sociaux par an, c’est trop, ce n’est pas raisonnable” ?

Allons-nous fermer les yeux sur le fait que "le superflu est sans limites alors qu'on assure pas l'indispensable ", comme le dit si justement Pierre Rabhi ?

Allons-nous fermer les yeux sur le suicide de l’Europe, qui évoque terriblement celui de Stefan Zweig désespéré par la montée des nationalismes à la veille de la Seconde guerre mondiale.

Je suis, comme beaucoup de gens de ma génération, marqués par la chute du Mur, par Sarajevo, par l’immense engagement européen de François Mitterrand, profondément, sincérement, passionnément, intimement européen.

C’est parce que j’aime l’Europe que je vois, lucidement, qu’aujourd’hui elle ne fonctionne pas, elle est impuissante à neutraliser les outrages de la mondialisation.

Or, chacun le sait, la vision d’une Europe fondée sur le libre-échange et l’austérité plutôt que sur les grandes réalisations, la paix, la prospérité, la démocratie, est en train de fabriquer sa perte. Jacques Delors nous avait mis en garde en disant qu’on “ne tombe pas amoureux d’un grand marché”.

Partout sur le continent, on constate la montée des nationalismes et des extrêmes droites, qui ne peuvent nous mener qu’au pire.

Alors je propose une réponse démocratique à cette crise profonde qui est un problème pour le monde parce que le monde nouveau a besoin d’une Europe forte pour le réguler et le rendre plus juste.

Je propose aux Etats membres de la zone euro un traité budgétaire qui prévoit la mise en place d’une Assemblée démocratique représentative, qui serait principalement l’émanation des Parlements nationaux.

Aucune nation, si puissante soit-elle par sa géographie, son économie ou sa capacité militaire, ne peut résoudre seule les défis du futur.

Face au réchauffement climatique, au terrorisme, qui n’a pas de frontières, aux évolutions technologiques, aux migrations internationales, aux dérèglements du capitalisme financier, les réponses nationales trouvent leur efficacité dans la coopération internationale – la COP 21 et l’accord de Paris sur le climat l’ont démontré.

La France est une puissance indépendante.

Partout sur la planète, la France est aujourd’hui respectée, sa voix est attendue et entendue.

La France est plus grande que la France.

Son devoir est de protéger ses citoyens des nouvelles menaces, et d’abord du terrorisme qui l’a frappée dans sa chair et sur son sol. Sa mission est d’agir dans le monde pour servir la paix, la stabilité et la sécurité, le dialogue entre les peuples, les droits de l’homme.

Pour garantir notre souveraineté, notre autonomie de décision et notre liberté d’action, je pérenniserai notre capacité de projection et notre dissuasion nucléaire.

Je ferai préparer pour l’automne 2017 une loi de programmation en matière de défense qui prévoira des moyens pour la défense nationale à hauteur d’au moins de 2 % du PIB à la fin du quinquennat. Je demanderai que ce budget soit exclu du calcul du déficit, pour la part qui excède la dépense moyenne des États européens.

Depuis le Brexit, la France est le seul pays de l’Union européenne à disposer de l’ensemble de l’outil militaire dans toutes ses composantes. C’est la raison pour laquelle proposerai à nos partenaires une nouvelle initiative pour la défense européenne.

Oui, c’est la voix de la France qui doit porter la coexistence de deux États vivant en paix et en sécurité, la reconnaissance de l’Etat de Palestine aux côtés de l’Etat d’Israël.

Oui c’est la voix de la France qui doit défendre le système multilatéral, des financements innovants pour la solidarité internationale et donner l’exemple en inscrivant l’aide au Développement dans une trajectoire de 0,7% du PIB par an.

Oui c’est la France qui doit inscrire dans sa Constitution la protection des biens communs, et porter l’idée d’un Office des Biens communs mondiaux.

Je refuse que la France, l’Europe, restent arrimées à un monde qui s’éteint.

Je fais le choix, délibéré, serein, stratégique, de l’éducation, de l’emploi, de l’environnement.

J’entends être, à la fin de mon mandat, le président d’une grande puissance sociale-écologique.

Je serai le président d’une grande puissance qui mise tout sur l’éducation, qui fait le pari durable de l’intelligence.

40 000 enseignants pour permettre la réussite de tous les élèves, bâtir un service public de l’aide aux devoirs, améliorer l’accueil de la petite enfance avec 250 000 places en crèches, des allocations familiales dès le 1er enfant, faire le pari de la formation, de l’intelligence, de la recherche, investir 4Mds dans la Culture parce que notre culture est notre plus belle arme dans la mondialisation.

Voilà comment nous devons affronter la compétition mondiale.

Penser les grandes transitions à l’oeuvre c’est aussi assumer que notre modèle social est une force et non une charge dans le monde qui vient.

J’assume de penser à la fois la prise en charge publique de la dépendance pour nos aînés, parce que pour la première fois dans l’Histoire 4 générations vivent côte à côte, mais aussi de penser au formidable vivier économique que représente la Silver economy, secteur en pleine expansion.

La puissance publique est légitime à intervenir pour réguler la mondialisation.

Pour l’emploi. J’assume de penser le travail tel qu’il est et non tel qu’il fut.

Avec le RUE, je suis le candidat de la feuille de paie, du pouvoir d’achat, le candidat de cette France qui se lève tôt dont nos adversaires aiment tant parler mais qu’ils ne rencontrent jamais.

Le RUE n'oppose plus le chômeur et le travailleur. Il les réconcilie. Pour moi, aider nos agriculteurs, ce n’est pas simplement repenser avec nostalgie à la ferme de ma grand-mère en bord de grêve, ou faire le tour annuel du Salon de l’Agriculture devant les caméras.

C’est ajouter du revenu pour payer le travail à sa juste valeur.

Oui, ils parlent sans cesse du coût du travail, et quand ils parlent de sa valeur c’est pour stigmatiser ceux qui n’ont en plus.

Moi je sais la vraie valeur du travail.

Pas seulement cette idée, profondément française avec Descartes, que le travail est constitutif de notre nature : transformer le monde pour le rendre meilleur.

Mais le sens de ce travail qui émancipe au lieu d’asservir, ce goût de l’effort qui nous grandit.

Une compétitivité qui mise sur la qualité, l’intelligence, la coopération, le temps long plutôt que l’obsession du profit qui broie les hommes, dilapide les ressources, et ne sert que la finance.

Voilà le rôle de la puissance publique, et s’il faut pour cela une surtaxe sur les super-profits, pour des banques qui ont été aidées par la communauté nationale pendant la crise, renforcer la lutte contre l’évasion et l’optimisation fiscale qui nous coûtent si cher, je l’assume également.

La puissance publique doit donner l’exemple et la priorité à ce qui est produit localement et au Made In France » - merci Arnaud de mener ce combat et de m’avoir inspiré cet engagement ! - elle est légitime à réserver 50% des commandes publiques aux PME pour stimuler notre tissu économique et social.

Comme elle est légitime, lorsque des fleurons industriels sont menacés, à prononcer des nationalisations temporaires.

Je veux surtout que la puissance publique soit le bras armé de la transition écologique.

Je veux que nous prenions une longueur d'avance en devenant une grande puissance écologique !

Les limites de la planète nous imposent de réduire par deux notre prédation sur les ressources.

Saisissons la chance de ne pas subir le dérèglement climatique ni les mutations de la société et de l’industrie, mais d’en tirer le meilleur parti, d’en faire une formidable opportunité pour construire une société innovante économiquement et juste socialement.

Notre projet rompt avec cette vision qui gaspille l’argent public, détruit l’emploi, abîme notre santé et dégrade l’environnement.

Je veux proposer aux Françaises et aux Français un nouveau dessein pour notre économie :

une économie tournée vers la durabilité, l’innovation et le numérique, faisant de l’environnement et de la protection sociale les clés du succès.

Nous mobiliserons nos immenses talents, notre recherche, nos savoir-faire, pour relancer l’économie autour de ce grand projet, partagé car bénéfique à tous, qui servira d’exemple dans le reste du monde.

L’innovation sera au coeur de la transition écologique.

Elle est technologique lorsqu’elle améliore sans cesse l’efficacité des renouvelables.

Elle est technique lorsqu’elle réinvente l’agriculture, en écoutant les rythmes de la terre pour développer une abondance durable et saine.

Elle est sociale lorsqu’elle permet à des salariés de redonner à leur entreprise un projet commun.

Une loi-cadre en début de quinquennat fixera une feuille de route en ce sens aux grandes entreprises de services public, ouvrira leur gouvernance aux citoyens…

La Poste, EDF, SNCF… pourront être autant moteurs de la transition écologique en faisant par exemple d'EDF le premier acteur de l'investissement dans les énergies renouvelables, en développant le fret, et en augmentant les investissements dans les transports en commun.

La France ne doit plus être le musée des projets industriels dépassés : nucléaire, diesel, grands projets d’infrastructures, agriculture intensive, incinération…

Et oui, j’assume, parce que c’est le rôle du président d’une grande République écologique, qu’à l'horizon d'une génération, soit 25 ans, je fermerai les réacteurs en fin de vie.

J’assume que plus un seul véhicule neuf diesel ne sera mis en circulation d'ici 2025.

J’assume que la santé de mes compatriotes, la lutte déterminée contre le fléau des perturbateurs endocriniens, passera toujours avant les intérêts des grands lobbys.

C’est cela ma vision de la République.

 

* * *

 

Chers amis,

J’ai exposé ici ma vision et ce qui la fonde.

Le compromis historique qui fondait la gauche, le rapport entre le travail et le capital, est bouleversé.

Le dialogue social est, disons-le, dans un état désespérant pour quiconque, comme moi, est attaché à la démocratie sociale.

La destruction de l’environnement est devenue une destruction de l’homme par lui-même.

Alors je veux nommer mon projet : c’est une nouvelle démocratie sociale et écologique.

C’est un futur désirable, comme le Conseil national de la Résistance s’était donné pour programme « les Jours heureux ».

j’ai rappelé aujourd’hui que nous avons un cap, dont rien ni personne ne nous détournera : une République bienveillante, la première République sociale-écologique, puissante, dont le message sera à nouveau entendu, parce que comme disait François Mitterrand, “quand la France rencontre une grande idée, elles font ensemble le tour du monde”.

Je n’ignore rien des obstacles qui nous attendent mais vous n’ignorez rien de ma détermination.

Vous savez d’où je viens, des terres de granit de cette Bretagne que l’extrême-droite n’a jamais pu conquérir,

de Brest cette ville de métal et de feu, de ce bout de terre qu’est le Finistère, à la fois fin et commencement, ouvert sur l’immensité du monde.

Au fil des ans, je l’ai dit, ma vision du monde a changé. Pas les valeurs que m’ont données les miens. Pas les principes acquis auprès de ceux qui furent les maîtres de mon école politique :

Michel Rocard, Lionel Jospin, Martine Aubry, Henri Emmanuelli, des femmes et hommes qui vous apprennent qu’il faut tenir même face à l’air du temps, surtout face à l’air du temps, qu’il faut toujours se battre pour ses idées, et qu’il ne faut jamais oublier pour qui l’on se bat.

J’ai, pour vous faire une ultime confidence, plus le goût de l’histoire de France que de la grammaire des affaires.

Et je sais que cette Histoire est faite de ces batailles remportées quand tous les disaient perdues.

Imaginez, si un bel esprit était allé voir les révolutionnaires de l’an II, qui à Valmy faisaient trembler le sol aux cris de “vive la Nation” contre toutes les monarchies d’Europe en leur disant

“faites un peu moins de bruit, les sondages donnent le Duc de Brunswick gagnant”...

Alors nous allons faire du bruit dans cette élection, le bruit de la multitude qui veut être entendue, le bruit immense de l’espérance qui vient.

J’aime cette belle phrase de Simone de Beauvoir : “La fatalité triomphe dès que l’on croit en elle.”

Parce que nous sommes la gauche, nous ne croyons pas en la fatalité d’un monde condamné à l’injustice sociale avant sa destruction environnementale.

Nous ne croyons pas en la fatalité d’une élection par défaut, par dépit, par déprime.

Que nous disent les Français : nous sommes las de voter “contre”, nous voulons pouvoir, à nouveau, voter “pour”.

Voilà ce que je veux être, voilà ce que je suis, candidat “pour”...

POUR plus de justice,

POUR plus d’écologie,

POUR plus de fraternité,

POUR un futur désirable,

POUR une nouvelle espérance,

Nous croyons en cette espérance lucide, conquise, hors de toute naïveté dont parlait Césaire.

C’est vous mes amis, qui portez cette espérance entre vos mains :

Assumez l’acte, révolutionnaire dans cette élection, de parler à l’intelligence et au coeur des Français,

Allez voir les Français, ceux qui sont en colère, déçus, perdus,

Allez dans les cages d’escaliers comme sur la place du village,

Allez au-delà des appareils, des prédictions, des sondages,

Allez convaincre ceux que plus rien ne convainc,

Allez parler à ceux à qui plus personne ne parle,

Allez chercher les femmes et les hommes dont nous avons besoin mais qui ont surtout tellement besoin de nous,

Allez, dans ce moment historique, réconcilier les Français non seulement avec la gauche mais avec la République !

 

Et le 23 avril et le 7 mai au soir, quand nous aurons battu la droite et l’extrême-droite par la force de nos convictions, nous aurons fait battre le coeur de la France, vous serez fier d’avoir mené cette grande bataille !

Vive la gauche, vive le grand peuple de France, Vive la République et vive la France !

 

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