Notre parti vient de vivre deux débâcles historiques. Il n’y a pas de place ici pour le déni. La défaite est totale et il faudra donc tout changer, du sol au plafond, la forme comme le fond. Bien évidemment, il faudra faire le bilan du quinquennat et des différentes campagnes, mais il ne faudra pas s’y perdre. Il faudra bien entendu analyser le passé mais pour mieux nous tourner vers l’avenir, avec volonté et avec ambition.Vous l’aurez compris, ce texte ne s’adresse pas à celles et ceux qui ont déjà renoncé à notre histoire commune et qui, tous les quatre matins, se délectent d’annoncer l’acte de décès de notre formation et de la social-démocratie.

Il ne suffira pas de chercher les causes et les responsables. Car les causes viennent de loin et les responsabilités sont collectives. Ainsi, cette déroute ne se réglera pas en sombrant dans une chasse aux boucs émissaires qui finirait de dégoûter les militants socialistes ou dans une Saint-Barthélemy généralisée qui chasserait les électeurs. Cette déroute ne pourra pas se solder dans une guerre de succession entre anciens ministres. Le renouveau ne pourra se résumer à une guerre de jeunes chefs qui rejoueraient la pièce de leurs aînés dans un mauvais remake. C’est d’une démarche collective, empreinte d’humilité et de responsabilité, que la refondation a besoin.

Il n’y a pas de place ici pour les réflexes d’appareils, pour les figures imposées et les candidatures par tribunes interposées. Personne ne pourra en être exclu par principe. Personne ne pourra revendiquer un rôle particulier d’autorité.

Nous le disons ici clairement : nous ne nous laisserons pas voler cette refondation. Car il s’agit de notre refondation. La refondation par les militants de ce que doit redevenir la famille socialiste.

Depuis des années, nous allons au contact de nos concitoyens, pour essayer de les convaincre de nos idées et de nos réalisations quand nous sommes aux responsabilités. A chaque élection, dans nos fédérations, les militants font campagne sans tergiverser, sans compter, même quand le contexte est difficile.

Aujourd’hui, tous les dirigeants de notre parti crient en cœur : «La refondation ! La refondation ! La refondation !» Ils ont raison. Mais, pour la mener à bien, il faudra partir du cœur du parti et ce qui fait sa richesse : ses militants. Voilà, la clé de la refondation : «Les militants ! Les militants ! Les militants !»

Oui, cher-e-s militant-e-s, vous êtes le moteur du sursaut. Votre mobilisation est la meilleure ressource du rebond. Une ressource renouvelable, une ressource précieuse car ancrée dans le quotidien des luttes, enracinée dans nos territoires, là où nos concitoyens vivent et espèrent un avenir meilleur.

Pour réussir notre refondation, il faudra avoir une approche beaucoup plus décentralisée, plus territorialisée, en somme radicalement démocratique. C’est indispensable dans une époque qui semble céder aux sirènes de la verticalité et de l’homme providentiel. Fidèles à notre vocation d’invention sociale, nous devons adopter une véritable logique de promotion des projets et des acteurs locaux. C’est ainsi que nous pourrons faire vivre la promesse républicaine d’égalité et de justice sociale.

Nos valeurs seront notre meilleur aiguillon pour reformuler notre doctrine, repenser notre organisation ainsi que notre rapport à l’exercice du pouvoir, aux citoyens, aux syndicats, associations… sans oublier le périmètre même de notre nouvelle famille politique et son rapport à d’autres formations ou clubs de réflexion. Il faudra aussi s’appuyer sur nos élus et les expériences des collectivités locales. Il est de notre devoir de réarmer la société pour la protéger mais aussi pour la préparer à chevaucher le nouveau monde globalisé et technologisé. Rendre la société plus juste, plus innovante, plus écologique, plus sûre, plus européenne et plus démocratique, plus humaine aussi, voilà le but à atteindre, voilà le récit à construire.

Voilà la base sur laquelle nous voulons mener cette refondation. Redisons-le, il faudra du temps et il faudra de la dignité et de l’humilité. Il faudra une feuille de route à l’image de la gauche que nous voulons : volontaire, responsable, constructive et porteuse d’espoir.

Pour servir cette exigence, nous porterons à tous les niveaux, dans les sections, les fédérations et dans les instances nationales, un projet de refondation organisé autour des militants, de leurs idées et ouvert aux forces vives, intellectuels, syndicalistes, chercheurs et à tous nos concitoyens qui partagent nos idéaux. Nous voulons aussi un calendrier réaliste et ambitieux. Conventions, universités, assises, états généraux : faisons confiance à l’intelligence collective. Cette feuille de route devra être soumise au vote des militants et chaque étape, chaque décision recevra sa légitimité du débat et du vote des militants qui nous engageront toutes et tous. Tout autre chemin mènerait à l’impasse. Nous n’avons plus droit à l’échec, le renouveau doit être lui aussi total. Les militants y aspirent et y sont prêts. Allons-y !