Alors que la population de notre pays vieillit et que les besoins sanitaires et sociaux sont de plus en plus importants pour accompagner la perte d’autonomie, les moyens alloués par les organismes de tutelle se font rares et pèsent sur le quotidien des personnels. Ils sont pourtant reconnus par l’opinion comme compétents, faisant preuve d’une grande empathie, prêts à se mobiliser au pied levé pour faire face à l’horreur et la barbarie comme au Bataclan.
Il faut rappeler que ces professionnels ne sont ni dévoués par vocation, ni corvéables à merci, se traduisant par des rappels fréquents sur leurs repos au détriment de la nécessaire conciliation avec leur vie familiale et leurs engagements extra professionnels.
Que ce soit dans les fonctions publiques, les associations sociales, médico sociales à but non lucratif, issu de l’économie sociale et solidaire et aussi dans le secteur privé sanitaire, les personnels sanitaires et sociaux souffrent. Pour des raisons économiques basées sur l’objectif constant de diminution de la masse salariale, ce sont d’abord les patients et les usagers qui sont lésés. Les professionnels subissent les injonctions paradoxales entre les exigences de qualité que nécessitent les soins et ce pourquoi ils ont choisi des métiers tournés vers l’autre. Les patients et usagers ne se résument pas qu’à des chiffres, des actes dans des rapports d’activité que les agences régionales de santé surveillent pour maintenir le niveau de financement des structures. Mais même lorsque ces chiffres sont en progression, les tarifs des actes baissent a posteriori, les enveloppes étant gelées. Les établissements pensent être à l’équilibre mais leurs budgets prévisionnels n’anticipent pas les baisses constantes de tarifs.
Jusqu’où peut-on aller ?
La loi de financement de la sécurité sociale sous ce gouvernement mais aussi le précédent (car il faut savoir aussi faire son devoir d’inventaire) a renforcé la détresse des personnels des secteurs car elle fait d’eux, une variable d’ajustement des budgets toujours contraints.
La majeure partie des hôpitaux français sont aujourd’hui en déficit alors que leur activité augmente tant sur les consultations, que les séjours hospitaliers. Nous arrivons à des situations de crise de plus en plus fréquentes et pas seulement en période de grippe saisonnière ou de canicule. La saturation fréquente des services d’urgences sur les établissements de notre département, dont la presse s’est fait le relais, est le reflet d’un système à bout de souffle où le taux de fuite des personnels est élevé. Le « NO BED CHALLENGE » l’illustre bien. C’est un nouveau défi numérique, coordonné par des médecins urgentistes de l’hexagone, se transformant ainsi en véritables lanceurs d’alerte, qui recense chaque nuit le nombre de malades devant être soignés sur des brancards aux urgences, faute de lit disponible dans les services d’aval.
La pression sur les sorties est forte, notamment sur la population âgée mais lorsqu’elles sont soignées, la sortie peut devenir complexe de par leur isolement social et les fragilités liées à la dépendance qui résulte d’une hospitalisation. Les « maisons de repos » n’existent plus et les établissements de rééducation font l’objet désormais chez la personne âgée d’une nécessaire demande d’entente préalable des caisses de sécurité sociale.
Face à ces constats douloureux, le rôle des militants socialistes est de relayer la parole de ceux qui ne l’ont plus et de formuler des propositions concrètes, au sein des organisations dont ils sont membres, syndicats et associations, auprès de nos instances politiques et de nos élus locaux.
Annaïg Le Moël-Raflik