Joël PHILIPPE : «  La transition écologique devra être sociale ou elle ne réussira pas »

Agriculteur et conseiller départemental du canton de Bégard dans les Côtes d'Armor, Joël Philippe, évoque avec nous la proposition qu'il a formulée avec ses collègues du groupe socialiste et républicain.

Tu as récemment formulé un projet d'aide aux petites exploitations agricoles pour le photovoltaïque. Peux-tu nous le présenter ?

Le but est d'aider les petites exploitations agricoles à équiper leurs installations de panneaux photovoltaïques. L'électricité produite serait revendue pour faire un complément de revenus aux agriculteurs. Ce ne serait donc pas réservé à l'autoconsommation. Seraient exclus de ce dispositif les particuliers car il existe déjà des aides de l'État pour eux et les grandes sociétés qui bénéficient d'aides européennes. Le but de ces subventions est qu'il y ait un retour sur investissement au bout de 10 ans pour l'agriculteur, sachant que la durée de vie des panneaux est de 30 ans et qu'ils sont par ailleurs recyclables à 98 %. Cela s'inscrit pleinement dans le cadre de la Breizh Cop qui dans son objectif 23 entend « accélérer l'effort breton pour l'atténuation du changement climatique » et dans son objectif 27 souhaite « Accélérer la transition énergétique en Bretagne ».

Comment s'articulerait cette aide ?

Le principe du dispositif serait que la Région impulse une telle politique, car cela relève de sa compétence depuis la loi NOTRe, puis que les Départements et les communautés de communes et d'agglo viennent en complément. Ce programme s'inscrirait naturellement dans le cadre de leur Plan Climat-Air-Energie Territorial (PCAET) qui leur commande d'augmenter la production d’énergies renouvelables. Chaque collectivité contribuerait à hauteur de 10 % autrement dit 10 % de la part de la Région, 10 % de la part du Département, 10 % de la part des EPCI. Concrètement, pour un projet de 130 000 euros, chaque collectivité contribuerait à hauteur de 13 000 euros. C'est loin d'être excessif. Cela permettrait de diversifier les sources d'énergies du territoire et renforcerait donc le mix énergétique breton.

Ce projet a une ambition écologique évidente mais c'est aussi une proposition sociale...

Oui ! L'argent touché par la revente de l'électricité produite constituerait un complément de revenus pour les agriculteurs, voire ensuite un complément de retraite. Ce serait un outil de choix pour amorcer la révolution vers le bien-manger et lutter contre l'agriculture productiviste. Les agriculteurs, disposant d'un complément de revenus, auraient une pression moindre quant au rendement et pourraient plus aisément faire des choix privilégiant la qualité à la quantité. Ce dispositif est aussi une réponse, certes partielle, à la crise qui frappe les agriculteurs. Il répond aussi bien à l'enjeu de la transition écologique, de la sécurité de l'approvisionnement énergétique de la Bretagne et de la question sociale pour les agriculteurs. Ce dispositif peut être amendé et discuté. Mais c'est vers ce genre de propositions transversales qu'il faut aller car la transition écologique devra être sociale sinon elle ne réussira pas.

EN COMPLÉMENT :

Présentation dispositif Photovoltaïque

 

 

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