Journalistes-Politiques : Une incompréhension mutuelle

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Les rapports entre les médias et les politiques sont mêlés d'incompréhensions, de procès d'intentions et d'appels récurrents au point Godwin ou à des arguments péremptoires s'en rapprochant. Aucun camp n'a le monopole dans ce domaine même si certains politiques ont récemment fait preuve d'une paranoïa et d'une agressivité aigües.

La nécessité d'une critique modérée des médias

Les médias, comme les politiques, ne sont pas généralisables. Ils ne constituent pas un corps homogène même s'ils n'échappent pas à ce mal français qui est le corporatisme. S'il n'est pas pertinent de vilipender les « médias » qui fomenteraient un « complot », il est néanmoins nécessaire de développer un regard critique et argumenté sur certains comportements. A l'égard des éditorialistes, par exemple, qui ont une certaine tendance à se poser en spécialiste de tous les sujets. Que l'actualité évoque les failles du système de santé et ils expliquent doctement ce qu'il faudrait faire. Qu'un attentat frappe notre pays et ils se transforment immédiatement en spécialistes du renseignement. Le problème c'est qu'ils en viennent le plus souvent à édicter de simples généralités quand ils ne livrent pas des analyses totalement erronées, le tout agrémenté d'un ton de donneur de leçons qui passe d'autant plus mal. Les journalistes politiques ont, quant à eux, une certaine propension à limiter le jeu politique à une version remasterisée de Dallas. Ils s'intéressent peu aux idées et surinterprètent les querelles de personnes. La vie politique se résume ainsi à Martine qui déteste Ségolène qui en veut à François qui ne digère pas la trahison d'Emmanuel qui est trahi à son tour par Gérard. Si le débat public est aujourd'hui si médiocre, la responsabilité apparaît largement partagée entre politiques, journalistes politiques et chaînes d'infos en continu. Il serait bon, ainsi, que chacun puisse entendre ces critiques sans user d'accusation infamantes contre l'autre. Même si, en tant que socialistes, nous avons particulièrement souffert des commentaires des journalistes politiques et des émissions d'infotainment, on ne peut que reconnaître la liberté des médias. Ce fut l'honneur de François Hollande de ne jamais entraver le travail des journalistes. Ce qu'a reconnu d'ailleurs Yann Barthes.

La liberté de la presse : Une condition d'existence de la démocratie

D'Anna Politkovskaïa à Daphne Caruana Galizia ( journaliste d'investigation assassinée à Malte) en passant par Charlie Hebdo, les exemples abondent prouvant que le journalisme est un métier à risque. Les contextes et les sujets peuvent varier d'un pays à l'autre, mais il demeure une constante : leur assassinat prouve que la liberté d'expression est un acquis qu'il faut sans cesse défendre. Leur travail, et la liberté qui lui est inhérente, est une condition nécessaire à la bonne vie de nos démocraties. Même si nous n'apprécions pas toujours ce que les journalistes disent de nous, comme le disait Georges Orwell avec sagesse : "Parler de liberté n’a de sens qu’à condition que ce soit la liberté de dire aux gens ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre".

Kevin Alleno

En complément :

L’Europe à la télévision : une lacune de l’information française ?, Note de Klervi Kerneïs, Yana Prokofyeva, Claire Pulou, Manon Schilder, Théo Verdier pour la Fondation Jean Jaurès, 10 septembre 2018

 

Les journalistes ont-ils une déontologie ?, Xavier Molénat, Sciences humaines, Mars 2006

 

Le cumul des mandats dans les médias fausse t-il le débat ?, Daniel Psenny, Le Monde, 6 Novembre 2011

 

La liberté de la presse menacée en Europe ?, par Pauline Adès-Mével, responsable Union européenne et Balkans à Reporters sans frontières

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