La dévalorisation du métier de pêcheur : un processus pernicieux

DR

Chaque année, c’est environ 518 000 tonnes de produits de la mer qui sont débarqués par les navires de pêche maritime français. La France est le 3ème producteur de l’UE qui représente 7% de la production mondiale. Enjeu alimentaire clé, la pêche se trouve également à la croisée d’importants intérêts économiques et géostratégiques, elle ne s’invite le plus souvent dans le débat public que lorsqu’il s’agit d’en dénoncer les « excès », de jeter l’opprobre sur les pêcheurs et de fustiger leur irresponsabilité. Pour exploiter les produits de la mer en fonction du respect de l’écosystème, des règles furent instaurées. En vertu d’un encadrement international provenant en parti de l’ONU, une politique commune des pêches européenne a été mise en place depuis 1983 pour éviter les conflits et mieux gérer les stocks.

Une filière professionnelle en danger

Mais ces règles induisent progressivement une transformation inéluctable du métier de pêcheur. Si l’on veut continuer de nourrir les hommes et les femmes, il faudra redynamiser la profession. En effet, le salaire ne peut plus à lui seul redonner cette belle énergie et motivation à des générations de jeunes intéressés. Inlassablement, les discours convergent vers une appréhension négative du métier. Le manque d’information collective fait défaut. Une information sur la pêche en général, et sur les différents droits au sein de l’UE, sur les différents métiers, sur l’évaluation des engins de pêche (drague, bolinche, ligne etc…) et sur leurs évolutions. Tel est l’enjeu de la formation.

Or ce sont avant tout, les effets négatifs de la pêche sur l’environnement qui sont relayés, souvent à tort par les journalistes et repris sans précaution par des avertis ou non. Les pêcheurs sont les premiers à vouloir préserver la ressource pour justement préserver leur métier. Mais lorsque les marins eux-mêmes se persuadent que leur métier n’est pas respectueux de l’environnement, c’est la pérennité du métier qui est menacée. La responsabilité collective est lourde. Être marin, c’est être fier de son métier. Si cette vérité multiséculaire n’est plus établie, comment peut-on faire perdurer la profession, sans reconnaissance sociale, sans valorisation professionnelle dans le vaste « écosystème » de notre société ? Comment rester fier si dans l’inconscient collectif le métier n’est plus perçu comme utile ? Il est donc impératif de changer la tendance et de redonner une motivation aux pêcheurs professionnels.

Un nécessaire effort de pédagogie 

Pour ce faire, il faut veiller à délivrer une information plus juste et plus objective sur les pratiques de pêche en France. Accorder davantage d’attention à leurs conditions de vie et à la protection de leurs droits. Métier ancestral ayant façonné l’identité de nos ports et de nos littoraux, la pêche est un métier d’avenir qui nécessite de plus en plus de technicité. Le pêcheur mérite de notre part à tous, beaucoup plus que ce qu’il reçoit aujourd’hui. Il est temps de le réancrer dans notre environnement. Alors participez à votre tour, contribuez à revaloriser le métier de pêcheur et les produits de la pêche ! 

 

Agathe Le Gallic

Retour en haut