Les hospitaliers, marathoniens des grèves ! Jusqu’où iront-ils ?

Depuis plusieurs mois, l’Hôpital souffre et, chose rare pour être remarquée, les hospitaliers se font entendre. Lors d’une grève ou d’un mouvement social, ils sont bien souvent réquisitionnés et continuent à travailler en revêtant au mieux un brassard. La qualité des soins dispensés et le ratio des effectifs soignants/soignés demeurent les mêmes. C’est le sens premier de la continuité du service public de santé. Préserver, sauver ou soigner la vie des citoyens, ils s’y sont engagés en devenant médecins, infirmiers, soignants.

La souffrance du personnel hospitalier

L’hôpital souffre de ses dysfonctionnements organisationnels, de la tarification à l’acte, de la nécessaire rentabilité, des consultations qui s’accélèrent toutes les 10 minutes et des diminutions de lits. Ainsi le vocabulaire hospitalier s’est enrichi de nouveaux mots utilisés par les managers et la ministre Buzyn, venue qualifier les métiers de demain. C’est l’exemple de la fonction de « bed manager » créée pour fluidifier les parcours d’hospitalisation et réduire le temps d’attente des urgences mais qui opère à moyens constants.

Lorsque l’hôpital connaît une forte affluence comme lors des périodes hivernales ou des pics épidémiologiques, la tension est palpable et bien souvent elle se caractérise par des soignants qui priorisent et qui « prennent sur eux », au détriment de leur propre santé physique mais surtout psychique.

Seulement, la durée de vie en poste avant épuisement professionnel des soignants tend à se réduire nettement. Une infirmière ne fait plus carrière à l’hôpital public… symptôme d’un système où « prendre soin » ne fait plus rêver les jeunes. Les formations ne remplissent plus faute de candidats au concours, notamment chez les aides-soignants. Qui prendra soin des aînés dans les années à venir ?

Un Gouvernement qui ne saisit pas la gravité de la situation

Plus de 150 services d’urgence sont en grève illimitée depuis plusieurs mois et personne au gouvernement n’entend cette colère. Ce n’est pas une prime pour certains travaillant aux urgences qui répondra à l’épuisement des soignants à l’hôpital.

La crise actuelle que nous traversons nécessite des réponses politiques, la reconnaissance des difficultés actuelles et probablement davantage de moyens. Tout ne peut se résumer à des problèmes d’organisation à l’hôpital même si le service public de santé doit mieux travailler en coordination avec la médecine dite de ville (quand il y en a encore)…

Le gouvernement a présenté le projet de budget de la sécurité sociale pour 2020 et l’hôpital ne verra son budget augmenté que de 2,1% (contre 2,5% pour la médecine de ville) soit près d’1,7 milliard alors que les dépenses sont estimées en augmentation pour environ 3 milliards mais Mme Buzyn a déclaré le 30 septembre qu’elle tablait sur une baisse d’activité !...

Annaïg Le Moël-Raflik

EN COMPLÉMENT :

Les hôpitaux appellent le gouvernement à ne pas dévier de son plan santé, Les Échos, Solveig Godeluck, 18 septembre 2019

Budget 2020 : la santé et l’écologie, principales cibles des suppressions de postes, Le Monde, Audrey Tonnelier, 13 septembre 2019

 

 

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