Les mineurs non accompagnés : Passer de l’urgence à une politique de parcours d’intégration

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« Aquarius »,

« Benchmarking »,

… Les dernières polémiques en date sur les migrants, un sujet hautement sensible. Cristallisant.

L’état du monde a provoqué ces dernières années une hausse des migrations. Parmi ces migrants, les MNA, les mineurs non accompagnés. Ce sont des enfants en situation de danger, qui se déplacent seuls vers la France où ils n’ont aucun lien familial. Considérés avant tout comme des mineurs et non des étrangers, ils sont pris en charge par les services de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) gérée par le Département. Au cours de leur accueil provisoire d’urgence, ils sont mis à l’abri et leur situation évaluée. Une fois leur minorité et isolement reconnus, le jeune est orienté vers les dispositifs de protection de l’Enfance. Leur prise en charge implique de nombreux enjeux éducatifs, budgétaires pour le département. Comment faire pour une intégration réussie ?

Avant tout des mineurs

Sous le sigle de MNA, on parle d’enfants, d’adolescents ayant quitté leur pays dans des conditions difficiles (guerre, traite humaine..) et ayant connu un parcours migratoire traumatisant. Sans entrer dans le débat de la politique migratoire française, nous sommes favorables à une prise en charge plus conséquente de l’Etat notamment sur l’évaluation des MNA. Une avancée a été trouvée dernièrement, elle reste timide. Cependant, lorsqu’une situation d’urgence apparaît, que la minorité a été approuvée par la justice, nous refusons que le département tergiverse et conteste cette minorité. Ces jeunes doivent bénéficier de la protection de l’Enfance. Ce sont des mineurs avant d’être des étrangers !

 Le Morbihan accueillait il y a 4 ans une dizaine de ces jeunes. Fin 2017, ils étaient plus de 250. En 2018, on estime que nos services prendront en charge plus de 400 mineurs. Tout en ayant conscience qu’ils représentent 0,03% de la population morbihannaise (loin de l’afflux massif vu par certains), ce mouvement croissant et rapide est un véritable challenge pour les équipes de l’ASE. Celles-ci ont dû réagir dans l’urgence, parer à l’indispensable tant du point de vue de l’hébergement (hôtel) que de l’accompagnement. Nous savons désormais que cette situation va perdurer. Il est donc indispensable d’anticiper et de passer d’une situation d’urgence à un dispositif global d’accompagnement.

Construire des parcours globaux d’intégration

Les équipes de l’ASE doivent être renforcées afin d’évaluer la situation de ces jeunes dans des délais raisonnables et de les accompagner dans de bonnes conditions tout en préservant la qualité du suivi des autres enfants confiés au département.

Le conseil départemental doit augmenter ses capacités d’accueil. Nous avons proposé la mise en place d’un réseau de solidarité permettant de recenser les possibilités d’accueil dans le Morbihan et d’avoir un pilotage central. Le département, chef de file des solidarités, se doit d’être à l’écoute et en soutien des associations ainsi que des collectivités qui souhaitent agir.

Car la mise à l’abri à l’hôtel n’est pas une solution viable. Cela entraîne une perte de stimulation, un isolement et provoque une prise en charge plus conséquente par la suite. Certains mineurs restent un an avant d’intégrer des dispositifs. Il faut réduire considérablement ces délais.

Des dispositifs intéressants prenant le jeune dans sa globalité existent dans le Morbihan. Le volet éducatif est primordial dans le parcours. N’oublions pas, ce sont des adolescents ! (rappelez-vous ce n’est pas la partie la plus simple de la vie !) et de surcroît ils arrivent avec des traumatismes dans un pays dont ils ne connaissent ni la langue ni les codes. Leur suivi doit viser l’apprentissage de la langue, la compréhension de notre culture, nos règles de vie, l’élaboration des dossiers administratifs et aussi l’accès à la formation et donc à l’emploi. Cette prise en charge globale est proposée par différents partenaires. Soutenons-les !

Evidemment, il serait tentant de réduire les coûts. C’est tendance ! Le coût est excessif pour les départements. L’Etat doit prendre ses responsabilités. « faire une prestation d’hôtel », c'est un calcul à court terme. Nous serons donc vigilants à ce que le Département poursuive la dynamique éducative engagée. Nous en avons les moyens.

Favoriser des parcours qui permettent d’accompagner les jeunes de leur entrée dans la protection de l’enfance à leur sortie, leur autonomie, leur diplôme… De les voir comme des personnes entières. Telle est la stratégie la plus efficace pour le bien être de ces mineurs et leur intégration dans notre société. De l’humanité, en somme.

Gaëlle LE STRADIC 

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