Quel regard portes-tu sur tes mandats de Maire ?
Un regard sur ses mandats est toujours un exercice compliqué, puisqu’ils sont tous faits d’autant d’engagement, d’affect, mais aussi de combats, de frictions…. Mais les mandats locaux que j’ai exercés ont tous un dénominateur commun : ils ont été passionnants. Cette dimension locale m’a toujours guidé et j’y suis fondamentalement attaché. Notamment parce que c’est à cet échelon que nous pouvons agir à la fois sur le présent et sur l’avenir.
L’action sur le présent, c’est celle qui vise à améliorer le quotidien des habitants, à répondre de manière pragmatique à leurs attentes : en matière d’éducation, de petite enfance, de cadre de vie, de mobilités, de logements, de culture, d’aide sociale… C’est cette proximité permise par l’échelon communal qui permet de répondre avec efficacité à des besoins extrêmement divers exprimés par des publics là aussi multiples. C’est pourquoi la qualité des services publics à Lorient a toujours fait l’objet de mon attention, d’abord parce qu’ils sont un puissant levier de cohésion sociale.
L’autre intérêt dans l’action d’un maire et d’une équipe municipale est également de préparer l’avenir et d’accompagner la ville dans ses nécessaires transitions. A Lorient, nous avons toujours eu cette capacité de résilience, forgée au fil d’une histoire agitée, parfois même douloureuse. Mais nous avons toujours su surmonter les crises, nous adapter, muter, pour mieux nous projeter dans l’avenir.
Quelles sont tes principales satisfactions ? Tes regrets ?
La ville a changé en vingt ans. Ce qui a été déterminant, c’est cette volonté partagée avec mes colistiers de donner à la ville la capacité à se développer, à se projeter dans un avenir qu’elle s’est elle-même choisi : que ce soit avec la reconversion de la Base des sous-marins, ou encore en confortant les équipements publics en cœur de ville (stade, centre hospitalier, Grand Théâtre…), je pense que nous avons préparé l’avenir, consolidé l’attractivité de notre ville, tout en garantissant aux habitants un cadre de vie agréable.
Nous avons aussi obtenu, après un travail acharné, le label de ville d’Art et d’Histoire, qui venait récompenser notre politique de valorisation du patrimoine historique local. Ce fut un réel motif de fierté pour les habitants et pour nous un encouragement à poursuivre avec détermination notre action patrimoniale, en édifiant ce qui sera notre patrimoine de demain, notamment au travers d’un certain nombre d’équipements publics à l’architecture audacieuse.
Les opérations de renouvellement urbain du quai de Rohan ou de Kervénanec m’ont aussi profondément marqué, car elles ont incarné ce qui fait à mon sens le sel de l’engagement local : la co-construction avec les habitants, sur des sujets qui impactent directement leur quotidien, tout en œuvrant à la cohésion sociale et territoriale…
Pendant ces vingt dernières années, Lorient a aussi conforté sa position de ville-centre de l’agglomération, jouant pleinement son rôle de locomotive dans la construction communautaire, y compris lorsque cela ne se faisait pas à son avantage. Nous sommes maintenant au cœur d’un territoire de 207 000 habitants, 3ème agglomération de Bretagne, dont les fondamentaux sont bons, et qui compte bien continuer à peser à l’échelon régional pour améliorer encore son attractivité. Car ce qui est bon pour l’agglomération est bon pour sa ville-centre, en matière d’économie, d’emploi, de dynamisme démographique…
Certes, l’exercice de ces mandats n’a pas toujours été simple, et je pourrais ajouter qu’il devient de plus en plus complexe : il faut trouver des accords, concilier ambition et capacité à faire, et ces arbitrages sont de plus en plus difficiles à un moment où les collectivités sont contraintes à limiter leurs dépenses, alors que l’on a parfois tendance à oublier qu’elles sont un des principaux leviers du développement économique et social de notre pays.
Mais je n’ai jamais été un adepte du renoncement. C’est justement dans les périodes difficiles qu’il convient d’être déterminé et de suivre la route que nous nous sommes tracée.
Quels sont tes souhaits pour le Lorient de demain ?
Nous nous y employons car le travail est loin d’être fini et de belles réalisations vont encore voir le jour d’ici à la fin du mandat. Tout cela se poursuivra bien évidemment après, avec une nouvelle équipe. Il faudra que Lorient continue à grandir, et pour cela que tous les acteurs du territoire se parlent et travaillent à cet objectif d’un développement dont les fruits seront bien partagés par tous. Car un territoire qui se développe et qui progresse est un territoire fédéré, où les échanges sont fluides et où existe une forte culture du « faire ensemble ».Je suis donc résolument optimiste sur l’avenir de la ville car il y a ici cette habitude de travail partenarial, gage d’une véritable réussite territoriale.
Je souhaite surtout que perdure l’ambition qui m’a animée pendant ces vingt dernières années : tout mettre en œuvre pour garder intacte cette cohésion sociale qui fait le ciment de notre communauté humaine et qui je l’espère, continuera à demeurer la grande force de Lorient.
Propos recueillis par Emilie Derrian-Chatard