Où va notre démocratie ?

À la question de savoir où va notre démocratie, certains répondent « dans le mur » et d’autres « quelle démocratie ? ».

Faire preuve d’humilité pour retrouver le chemin de la démocratie

Julia Cagé écrit dans son dernier livre « La démocratie n’existe pas. Elle reste à inventer ». Je répondrai moi que la démocratie se façonne à notre image ; que dans l’océan d’informations, elle s’est noyée. Je répondrai que dans le labyrinthe bureaucratique elle s’est perdue. Je répondrai que dans le brouhaha populiste, sa voix est étouffée. Mais je répondrai que dans les yeux des citoyens, dans la colère grondante, dans les espoirs silencieux ; elle bouillonne. Le demos brûle d’une passion participative qui se perd par manque de structure et de perspectives. La démocratie est là, sous nos yeux et pourtant, insaisissable. La thématique de la crise de confiance revient souvent dans les bouches et les oreilles mais il n’est pas sûr que nous en comprenions la teneur. Les citoyens ont perdu foi en l’alternance, en nos politiques, aux promesses irréalisables. Si la vérité blesse, elle est pourtant l’électrochoc dont la démocratie a besoin pour retrouver de l’air. Admettre les limites de l’action politique n’est pas faire preuve de faiblesse, c’est faire preuve d’honnêteté et d’humilité. « L’État ne peut pas tout. » Ce n’est pas un constat d’échec, c’est simplement la vérité. Dans un monde globalisé et interconnecté, le politique ne maîtrise pas tout. Cela ne veut pas dire que c’est un bilan définitif mais simplement que Rome ne s’est pas faite en jour et la démocratie non plus.

La fin d’une démocratie verticale ?

Il est difficile de dire où va la démocratie. Ce qui est plus aisé, c’est de dire à quoi elle tourne le dos. Le système jupitérien semble vivre ses dernières heures. La démocratie prend racine au plus près de nous. La masse silencieuse s’embrase depuis la crise des gilets jaunes et le débat s’insinue dans nos familles, avec nos amis, dans les médias etc. Ce grésillement démocratique est le terreau du renouveau. À ceux qui clament que la démocratie est morte, répondons plutôt qu’elle est en éveil et qu’il ne tient qu’à nous de tracer la route. La démocratie participative et citoyenne lutte contre les restes de la démocratie verticale qui ne porte la voix des citoyens qu’aux différentes échéances électorales. Les conventions citoyennes, les espaces de réflexion comme les primaires des idées sont autant de lieux vers lesquels la démocratie se dirige. Le demos s’empare du kratos.

Nous sommes à l’aube du lendemain, la démocratie a bien dormi, mais elle se réveille, énergique et dynamique.

La démocratie va vers l’avenir, prête à relever les nombreux défis qui s‘élèvent devant elle. La crise environnementale, la dictature numérique, le populisme, la mondialisation sont autant de barrières à franchir. La démocratie prend son élan pour les enjamber et c’est nous qui lui donnons la force de le faire. Alors, prêt.e.s pour le grand saut ?

Sarah JORON

En complément :

La France, naissance d'une nation désormais multiple et divisée, Conférence de Jérôme Fourquet, Fondation Jean Jaurès, 11 mars 2019

 

Budgets participatifs : donner du sens à la participation des citoyens

 

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