Comment es-tu rentré au parti socialiste ?
Henri SCANVIC : J'ai adhéré au parti en 1976, en pleine préparation des listes pour les municipales. À l'époque il fallait avoir deux parrains pour adhérer et ensuite l'adhésion était validée par le secrétariat de section. Mes deux parrains étaient André CADIER et André QUIGNON.
Pour les municipales, les listes étaient validées par les militants. À l'époque, le maire, Jean LAGARDE, était du courant A, c'est à dire mitterrandien. Jean-Yves (LE DRIAN, ndlr) était lui du courant C, rocardien. Il n'était alors pas encore élu, il le sera à partir de 1977. Moi j'ai été élu sur le courant Rocard. Le conseiller général sortant a été éjecté pour mettre quelqu'un de notre courant à la place contre l'avis du Maire. Donc cela n'a pas été facile. Dans la foulée on a préparé la campagne de 1978 de Jean-Yves.
Je me suis beaucoup plu pendant tous les mandats que j'ai eus. Je suis fier d'être socialiste. Je me retrouve très bien dans ce parti et c'est pour cela que je reste et que je milite. Tout ce qui est l'essence même d'un militant, à savoir l'amitié, le bien-vivre ensemble, la solidarité, le partage, toutes ces choses-là que je trouve indispensables, je les trouve dans le parti socialiste. C'est pour ça que j'y reste.
Quel est ton meilleur souvenir comme militant ?
Henri SCANVIC : C'est la campagne législative de 1978 pour Jean-Yves. L'élection législative de 1978 a été pour moi la plus dure de toute ma carrière. J'en ai fait des élections, mais c'était la plus dure et la plus intéressante.
La plus dure parce qu'on avait en face un candidat de la droite qui était très solide. Il avait surtout autour de lui des militants très actifs. Donc on a passé des soirées à coller, décoller, recoller.
Mon apprentissage a été fait tout de suite. Elle était intéressante parce que Jean-Yves avait fait autour de lui un groupe de copains. On était tous très liés les uns les autres et c'était vraiment un plaisir de faire cette campagne-là. J'ai jamais eu autant de plaisir de faire une campagne.
Quel est ton pire souvenir militant ?
Henri SCANVIC : C'était ma défaite en 1992. J'ai été battu alors que j'étais archi-favori, contrairement à mon élection de 1982. Tout le monde me donnait gagnant.
Ma défaite, c'était le premier fusible qui sautait sur la question des dockers.
La veille du second tour, je me dit « je vais aller faire un tour à Bois du Château pour sentir la température ». Je me pointe, je sonne. C'est un docker qui vient m'ouvrir. Il me dit « Toi, tu dégages ! ». Il prend un vélo. J'ai juste eu le temps de courir dans les escaliers, j'ai jamais couru aussi vite de ma vie. Il a essayé de balancer le vélo sur moi dans les escaliers. C'était une campagne qui était extrêmement dure. La CGT a dit ensuite dans la presse « On a eu SCANVIC, on aura Le Drian ». Et effectivement, l'année suivante Jean-Yves était battu. Les communistes avaient eu comme consigne - c'est Jean-Claude PÉRON qui me l'a dit - de voter à droite pour que je sois battu. Donc j'ai été battu par le PC.
Comment vois-tu l’avenir du Parti Socialiste ?
Henri SCANVIC : C'est une passe difficile, une passe que j'espère transitoire. Si on réussit à rester unis et cohérents entre nous, on va réussir à s'en sortir, il n'y a pas de raison.
Ce n'est pas possible que le parti socialiste, avec l'histoire qu'il a, puisse sombrer par la bêtise de quelques têtes qui nous ont fusillés. Je pense que l'on va se relever.
EN COMPLÉMENT :
→ En 1978, le putsch de Jean-Yves Le Drian à Lorient, Anne Rovan, Article paru dans Le Figaro, 17 août 2012
→ Lorient-Nord : le retour de Henri Scanvic ?, Article paru dans Le Télégramme, 24 octobre 1997
→ Élus. Quand ils rendent leur écharpe, Article consacré à Henri Scanvic et Milo Jétain paru dans Le Télégramme, 7 février 2008
→ Lorient. La Boutique veut garder ses droits, Article paru dans Le Télégramme, 28 mars 2018
→ Hommage à notre camarade Milo
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