Pourquoi es-tu rentré au parti socialiste ?
Issu d’une famille ouvrière et très modeste, cela me paraissait normal. Je n’avais jamais entendu parler autour de moi d’autre chose que de gens qui n’étaient pas heureux, mal dans leur boulot, qui ne gagnaient pas beaucoup d’argent. Donc je suis naturellement entré au parti socialiste avec l’aide de quelques amis, en particulier en faculté. J’ai commencé à y penser et à militer vers 1956 quand j’étais en 3ème année de droit à Rennes. C’est aussi en 1956 que j’ai, avec quelques amis et camarades, monté la section des jeunes socialistes de Rennes. Faisait partie de ce petit groupe Yves Dollo, qui deviendra plus tard député de Saint-Brieuc. Ca doit être en 1957 que j’ai pris ma carte chez les adultes. Le parti à l’époque c’était la SFIO. Il fallait montrer patte blanche, c’est-à-dire qu’il fallait deux parrains. En la circonstance, mes deux parrains furent Jean Le Coutaller, à l’époque encore maire de Lorient, et Jean Hardouin, président de l’union coopérative lorientaise.
Quelle personnalité t’a le plus marqué au parti socialiste ?
D’abord à la section de Lorient quand j’ai connu Jean Lagarde, Yves Guélard, Yves Demain en 1957. Donc je ne parlerais pas d’une personne mais de personnes qui toutes ont eu pour moi quelque chose qui dans leur perception du socialisme, sur le plan national et surtout sur le plan local, m’ont apporté quelque chose et m’ont intéressées.
Yves Allainmat aussi m’a marqué. On a eu avec lui quelques réunions de section, c’était carré, c’était net. C’était un sacré bonhomme. La preuve, il a remis la section en marche et il a gagné ensuite les élections. Il a regagné la mairie et le siège de député et il a été vice-président de l’Assemblée nationale. Il a quand même battu un mec qui s’appelle Mesmer. Je dirais qu’il m’a interrogé en bien quelque part. Mais Lagarde comme maire derrière m’a aussi intéressé, Guélard comme adjoint m’a aussi intéressé. Et plus tard, Jean-Yves Le Drian, dans un autre style qu’Allainmat bien entendu. Faut bien dire que le parcours qu’il a eu et ce qu’il a fait, on peut dire que c’était le meilleur des socialistes qu’on pouvait avoir sur le secteur.
Quel est ton meilleur souvenir comme militant ?
Ce n’est pas l’année où aux présidentielles Deferre, Monsieur X, a fait 5%. Voyez, il n’y a pas à désespérer, c’est déjà arrivé. Je dirais quand même - même si par coquetterie je ne votais jamais pour Mitterrand au premier tour car je ne considérais pas qu’il était vraiment de gauche, mais on m’a expliqué que j’avais tort - la victoire de la gauche réunie. Mitterrand a fait un bon premier mandat, il aurait pu laisser Rocard facilement gagner ce deuxième septennat. Il s’est entêté pour des raisons qui lui sont personnelles et il n’a pas agi comme un homme de gauche. Je suis content que la gauche ait gagné mais j’aurais autant aimé gagner d’une part avec Mitterrand puisque c’était lui qui était le mieux placé et qui avait fait l’effort nécessaire pour y arriver, puis avec Rocard qui pouvait le faire pour un deuxième septennat.
Quel est ton pire souvenir militant ?
À vrai dire je n’en ai pas tellement parce que quand on est militant on sent qu’il va arriver des catastrophes. Donc on est déjà préparé, ce n’est pas pire qu’autre chose. Je parlais des 5% de Deferre, ça ressemble aux 5% d’Hamon. Donc on remontera. Combien de temps ? 5 ans ? 10 ans ? Je n’en sais rien.
Je n’ai pas de pire souvenir. On va dire c’est quand on a perdu ceci, qu’on a perdu cela. Oui mais si on l’a perdu c’est qu’on a eu des raisons de le perdre et qu’on a fait en sorte de le perdre.
Propos recueillis par Kevin Alleno