Tout va bien dans le Morbihan ? Vraiment ?

La dernière session du mandat avait lieu vendredi 26 mars, à cette occasion un petit coup d’œil dans le rétroviseur s’imposait.

Nous avons eu un autosatisfecit de la majorité départementale à commencer par son président.

Oui, le Morbihan a et s’est fait une santé financière en or en 2020 : Hausse des recettes avec une année record (139 millions d’euros pour les taxes concernant les ventes immobilières contre 100 millions escomptés, pas d’emprunt pour la deuxième année consécutive, un excédent de 55 millions d’€ !

Mais la situation est pour le moins contrastée :

D’un côté, on est dans une période sociale, sanitaire, économique inédite : l’État est dans le rouge, beaucoup d’autres collectivités voient leur situation financière se dégrader ou tout du moins se tendre.

De l’autre, le Conseil départemental du Morbihan, « département le mieux géré de France » (argument de la prochaine campagne départementale) où la crise ne semble pas avoir d’effet.

Mais à quoi sert cette situation financière ? Le Président nous décrit une situation idéale. Et si on regardait le côté pile de la pièce ! Y a-t-il des besoins ? Sont ils couverts ? Aurait-on pu commencer avant à y répondre ? Et pas attendre 2021.

Nous avons perdu du temps. Des chantiers auraient pu être mis en route avant cette année et pas à la faveur d’un plan de relance entre autres. Nous en avons les moyens.

  • Il a fallu attendre 2019 pour avoir un appel à projets permettant d’augmenter les places en foyer de vie pour les personnes handicapées ! La situation était dénoncée depuis longtemps par les acteurs du domaine : l’appel à projets de 2019 a certes lancé une dynamique mais on aurait dû faire cela en début de mandat pour que les places soient effectivement disponibles aujourd’hui ;
  • Il a fallu attendre 2021 pour entendre parler photovoltaïque ou rénovation énergétique de nos bâtiments, et heureusement qu’il y a un Plan de relance (aucune trace dans les orientations budgétaires de décembre) ;
  • En 5 ans, les subventions aux associations ont baissé de 3 millions d'euros ;
  • On a supprimé la subvention à l’Université de Bretagne Sud de 400 000 €, alors que des aides pour les étudiant.e.s auraient été bien utiles dans la période ;
  • L’insertion a progressé de 60% effectivement : le nombre d’allocataires a augmenté donc le volume du RSA mécaniquement aussi, mais les budgets alloués aux actions d’insertion ont quant à eux été réduits de 14 à 10% ;
  • Guidel ou St Avé n’ont toujours pas de collège public ;
  • La prise en charge des victimes de violences intrafamiliales se fait a minima et le Conseil départemental ne prend aucune initiative ;
  • On a diminué de moitié le nombre de psychologues de l’Aide sociale à l’enfance ;
  • La solidarité internationale n’existe plus et la prise en charge des mineurs non accompagnés (MNA) est loin d'être exemplaire,
  • Les délais de dossiers à la Maison départementale de l'Autonomie (MDA) restent importants ;
  • Une politique très limitée en matière de langue et culture bretonne ;
  • Alors que l’inclusion numérique a été mise en exergue par la crise, le Plan départemental ne répond pas à l’ambition qui devrait être la nôtre. Il faudrait soutenir les acteurs institutionnels ou collectifs qui œuvrent dans cette démarche.

Je continue la liste ? Ou alors tout va toujours bien en Morbihan ?

Donc oui, je vous concède que le Département du Morbihan s’est fait une santé financière en or en 2020. A ces chiffres, j’oppose le fait que de nombreux Morbihannais.es, associations, acteurs culturels subissent la crise, vivent des temps difficiles, qu’il faut nous engager vers d’autres méthodes, d’autres façons de penser nos modes de vie. Est-ce alors rassurant de se contenter d’attendre qu’on frappe à notre porte plutôt que d’être dans une position active et à l’initiative ? Les besoins sont là et pas simplement depuis un an !

Gaëlle LE STRADIC,
Conseillère départementale 
Conseillère municipale
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