La méthanisation : une solution aux avantages multiples

L’urgence écologique appelle de la part de tous les acteurs un engagement ferme et résolu. Si nous ne pouvons contraindre le Gouvernement à amorcer une véritable transition énergétique, nous pouvons toujours agir à l’échelle de nos collectivités. C’est d’autant plus important lorsque l’on sait que près de 70% des réductions de gaz à effet de serre seront justement effectuées à l’échelle locale. Pour mener cette mission à bien, de nombreuses pistes sont explorées par différents territoires.  

Un projet en circuit court

C’est le cas de Locminé et de son usine de méthanisation. Le concept est simple : rassembler les déchets organiques de la collectivité (station d'épuration notamment), des agriculteurs et des usines environnantes pour produire via leur fermentation un biogaz qui permettra à son tour la production d’électricité ou de chaleur. L’usine de Locminé produit ainsi un biocarburant (Bio GNV) qui alimente les véhicules de sa collectivité et elle injecte le reste du gaz dans le réseau collectif. Elle se sert ensuite du sous-produit résiduel pour fabriquer un fertilisant qui remplace les engrais chimiques. Cette unité de méthanisation est couplée avec une chaudière bois qui alimente en chaleur les principaux équipements de la ville. Le projet complet est baptisé Liger. Il est géré par une société d’économie mixte regroupant des acteurs publics et privés. Ceux-ci touchent des dividendes de la vente de l’énergie produite qui sont automatiquement réinvestis dans la SEM.

Un projet neutre en émissions carbone

Le dispositif est neutre en termes d’émission carbone dans la mesure où les gaz émis l’auraient été de toutes manières si on ne les avait pas utilisés. Ce projet d’économie circulaire produit ainsi 5 millions de m3 de Biogaz par an et 96 % de ses ressources sont produites dans un rayon de moins de 20 km. S’agissant du biocarburant cela équivaut à la production de 500 000 litres de gasoil par an. Liger évite aussi la production de 19 500 tonnes de CO2 par an soit 5, 1 tonnes par habitant. Cela représenterait pour les agglos de Vannes et de Lorient respectivement 710 465 tonnes et 1 060 800 tonnes de CO2 économisées. Liger permet en outre d’économiser l’importation de près de 19 200 barils de pétrole brut soit environ 2 millions d'euros par an. Cela trace des perspectives intéressantes en termes d’économies financières et d’indépendance énergétique. Le déficit de la balance commerciale serait ainsi largement résorbé si une telle initiative était étendue sur tout le territoire. Et la France pourrait sans doute disposer de marges de manœuvre diplomatiques plus importantes vis-à-vis d’Etats pétroliers ou gaziers qui ont souvent pour point commun la promotion d’une vision quelque peu aléatoire des droits humains. Autrement dit, en plantant une usine de méthanisation, on contribue non seulement à préserver l’environnement mais aussi à soigner la balance commerciale de la France et à lui offrir des opportunités diplomatiques. C’est ce qu’on appelle un programme transversal !

Kevin Alleno

 

Pour aller plus loin :

Le projet Liger 

Une station bioGNV pour véhicules inaugurée à Locminé, France 3 Bretagne, 17 novembre 2017

La méthanisation, Site de l'ADEME

Commerce extérieur : la France en déficit chronique, Libération7 août 2018

En complément :

 

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