MOBILISATION FÉDÉRALE
Atelier : Les droites, l’Europe, la Nation, retour vers le futur
« L’objet de mon intervention, en complément des exposés d’Henri Weber et Forough Salami, va se centrer sur les trajectoires des droites et les conséquences électorales et politiques de cette évolution.
Tout d’abord la droite dite républicaine. Traditionnellement, deux familles se battent pour le leadership : une droite modérée conservatrice, souvent catholique, faite de réseaux de notables locaux, bref la France giscardienne et pompidolienne des annéees 70, européenne etc. Cette droite a été combattue, puis battue, puis laminée par une droite colbertiste, plus populaire, plus à droite, refondée par Chirac puis portée à son summum par Nicolas Sarkozy. L’UMP a épousé le modèle d’un parti de masse de gauche pour exercer sa domination sur la droite française et a pour l’instant gagné la bataille.
Or la base militante est plus à droite que ses élus, ce qui déporte d'autant ce parti : les discours basistes se font via une surenchère sur la droite, et le renouvellement des cadres s'opère via des réseaux très à droite (cf. Geoffroy Didier, l'UNI…). Tout invite à surfer sur les discours droitiers, y compris par les recrutements en réaction aux lois portées par la gauche (mariage pour tous).
L'extrême-droite subit une évolution bien étrange qui confine au grand écart. La schizophrénie du FN est donc à la fois de tenir un discours anti-social et de continuer de capter un électorat ouvrier, sur fond de discours plus feutré. Pour tenir ces contradictions, Marine Le Pen adopte une souplesse politique étonnante comme en témoigne le choix de David Rachline, sénateur maire de Fréjus, pour compenser sur place un discours trop peu radical pour l'auditoire du cru.
Ce grand écart fonctionne aujourd'hui, cimenté par l'idée de la marée inexorable et donc de la revanche sociale à venir des déçus d'une droite trop molle et d'une gauche qui se serait coupée du monde ouvrier.
Face à ce grand écart, l'ultra-gauche commence à s'aligner sur cette stratégie à la Beppe Grillo et son mouvement 5 étoiles en Italie
Ces deux trajectoires ont deux impacts politiques et électoraux.
Sur le champ politique, cela pose la question de l'espace au centre. Pour autant, l'absence de partenaire politique organisé y compris au centre nous amène à une méthode intégrée et non via des accords politiques avec des formations politiques.
Cette méthode éprouvée en Bretagne l'an passé nécessite un esprit de rassemblement et d'ouverture qui ne peut être homéopathique. Il faudra donc lutter contre notre propension au repli sur nous-mêmes.
Deuxième conséquence, la fragilisation du système présidentiel tel que pensé et voulu par les pères de la 5ème république.
Jadis, cette élection se voulait protectrice de notre système institutionnel. Désormais, elle en est le maillon faible. Autant il se révèlera toujours difficile de remporter une majorité de circonscriptions pour tout parti anti-républicain, autant l'élection présidentielle est aujourd'hui accessible à tout candidat capable de capter 17 à 18 % des voix au premier tour, avec quoi qu'il arrive, de réelles chances d'emporter le second. Il faut l'entendre et s'adapter à cette nouvelle donne. La primaire ouverte est une réponse, elle n'est pas la seule. Il faudra donc construire des stratégies qui nous maintiennent. Nous en sommes capables. »