COMMUNIQUÉ / Ordonnances sur le droit du travail
Gouverner par ordonnances sur le droit du travail : une méthode qui montre ses impasses et empêche l’élaboration d’un vrai compromis social et politique
Après l’audition de la Ministre du Travail et l’audition des organisations représentatives, force est de constater que la méthode des ordonnances ne permet pas l’élaboration d’une réforme juste et co-construite entre les parties prenantes. Elle fait l’impasse sur le débat citoyen, escamote le dialogue social, contourne le débat parlementaire. Pour le groupe Nouvelle Gauche cette méthode, bien qu’annoncée dans la campagne présidentielle, n’avait rien d’irrémédiable. Il ne peut aujourd’hui qu’en prendre acte.
Loin de lever les inquiétudes et de définir avec précision les finalités de l’habilitation, conformément à l’article 38 de la constitution, la ministre a indiqué aux parlementaires proposer « un menu » sans s’engager sur les plats qui seraient commandés.
Les imprécisions demeurent donc très nombreuses sur les 50 points du projet de la loi d’habilitation.
Si le groupe Nouvelle gauche partage certains des objectifs affichés, s’agissant notamment du renforcement du dialogue social ou de la rationalisation des instances représentatives du personnels dès lors qu’elle ne porterait pas atteinte aux droits des salariés, ses inquiétudes demeurent en revanche entières à ce stade s’agissant du volet licenciement du projet, de la faculté donnée à l’accord de branche de modifier les conditions de recours au CDD et à l’intérim, du contrat de chantier qui pourrait aggraver la dualité du marché du travail, de l’avenir de la pénibilité ou du plafonnement des indemnités prud’homales.
Ces imprécisions ne permettent pas, à ce stade, à la représentation nationale d’apprécier de bonne foi le caractère équilibré de la réforme et l’éventuel compromis que le gouvernement aurait réussi à construire avec les partenaires sociaux, en particulier s’agissant de la sécurisation des parcours professionnels. Le projet demeure muet sur le sujet, renvoyant à des réformes ultérieures sur l’assurance chômage et la formation professionnelles, lesquelles apparaissent au groupe Nouvelle Gauche comme indissociables d’une réforme globale.
Dans l’extrême limite des pouvoirs donnés à la représentation nationale en matière de loi d’habilitation à légiférer par ordonnances, le groupe Nouvelle gauche demeurera, jusqu’au terme de la procédure, vigilant et constructif. Il fera valoir ses premières observations sur l’étude d’impact à travers les prérogatives accordées au rapporteur d’application de l’opposition. Il invite également tous les citoyens à se saisir de la possibilité qui leur est ouverte de déposer des observations sur le document de cette étude d’impact sur l’espace public de contribution citoyenne.
Enfin, le groupe Nouvelle gauche prépare d’ores et déjà l’ensemble de ses propositions pour la phase d’examen du projet de loi de ratification.
_______________________________
Communiqué d’Ericka Bareigts et Boris Vallaud, porte-paroles du groupe Nouvelle Gauche – 06/07/2017
Prud’hommes, CDI de chantier, CDD : @ebareigts fixe les « lignes rouges » du groupe Nouvelle gauche. https://t.co/plEeEvn1Ab #DirectAN pic.twitter.com/uxiqBFNgNR
— LCP (@LCP) 5 juillet 2017
EN COMPLÉMENT :
Réforme du code du travail : les inquiétudes des socialistes se confirment, Communiqué du Parti Socialiste – 22 juin 2017
Enseignement de la Loi Travail 1 : Une approbation majoritaire ne présage rien de suite, Note de la Fondation Jean Jaurès, 20 juin 2017, Adrien Abecassis, Chloé Morin
La démocratie dans l’entreprise : le rôle des administrateurs salariés, Note de la FJJ, 16 mars 2017
CFDT / ORDONNANCES : Le champ du projet de loi et les marges de manœuvre, Aurélie Seigne, 28 juin 2017
Revoir les vidéos des débats à l’Assemblée Nationale sur LCP