Le Président de la République a annoncé à Versailles vouloir instaurer "la protection sociale du XXIème siècle". En réalité, il s'agit de se servir de l'alibi du retour de la croissance pour remplacer un système de solidarité issu de la Libération par un système de responsabilités individuelles qui va creuser les inégalités.
Le Parlement est sommé d'entériner son processus de mise en œuvre immédiatement. C'est tout le sens de l'amendement gouvernemental, qui a fait l'unanimité (hormis LREM) contre lui, parce qu'il contraint les partenaires sociaux à une parodie de renégociation de l'assurance-chômage, dans le cadre du nouveau processus.
Les sénateurs socialistes dénoncent fortement la méthode du gouvernement et son mépris des partenaires sociaux et du travail parlementaire.
Sur le volet formation, la monétisation du compte personnel de formation et l’abandon de l’accompagnement au profit d’une pseudo « individualisation », laisseront davantage les travailleurs les moins qualifiés isolés face à l’offre de formation.
Sur la partie assurance chômage, le gouvernement et la droite sénatoriale s’en prennent aux plus faibles en mettant en place un contrôle particulièrement suspicieux des chômeurs. L’indemnisation des indépendants et des démissionnaires sert d’alibi, à un nouveau système qui va accentuer la précarité de ceux qui, travaillant quelques heures, ne bénéficieront plus d’un complément de ressources par l’assurance chômage.
Malheureusement, « ce projet de loi n’est pas le volet sécurité d’une flexi-sécurité à la française » comme l’a indiqué Yves Daudigny, chef de file des socialistes.
Le groupe socialiste a pourtant initié des propositions fortes pendant les débats pour augmenter les droits des salariés en matière de formation ou redonner aux Régions toute leur place dans le dispositif. Les sénateurs socialistes ont également porté un amendement pour sécuriser les revenus des travailleurs des plateformes numériques. lls ont reçu leurs représentants afin de les assurer de leur soutien à la mobilisation qu’ils ont organisée et d’échanger sur le futur statut qu’il faudra imaginer pour ces travailleurs.
Ce texte qui devait rééquilibrer la politique du gouvernement vers la gauche ne fait que conforter l’analyse des sénateurs socialistes: la société du risque censée libérer les énergies économiques fait toujours porter davantage ce risque sur les salariés.