Réseaux sociaux et démocratie : les miroirs aux alouettes


Dans le contexte actuel, il est délicat d’offrir un point de vue en présence de nouvelles pratiques qui interrogent. La Démocratie est à la mode sur internet et les réseaux sociaux seraient ses prophètes.

Lors du printemps arabe, Twitter fut l’outil des aspirations démocratiques. Plus tard, Cambridge Analytica fut accusé d’influencer le résultat de l’élection présidentielle américaine et d’autres élections européennes. Réseaux sociaux et démocratie sont-ils à géométrie variable ?

Ils ont deux visages. Ils sont, tout à la fois, expression démocratique et instrumentalisation politique. Justes revendications et liberté d’expression côtoient infox, complot et factions peu recommandables. Toutefois, brider les réseaux sociaux serait inutile et les interdire dangereux. L’information trouve toujours un canal d’expression.

L’attention doit davantage se porter sur les mirages propagés par les gourous de la contre-démocratie. Certains ont déjà substitué les réseaux sociaux à la Démocratie. Cette mutation est loin d’être achevée.

Les réseaux sociaux sont solubles dans la démocratie

La compatibilité des réseaux sociaux et de la Démocratie renvoie à une question plus ancienne : internet et démocratie.

Les réseaux sociaux, en tant que média contribuent à la Démocratie. Ceci est indéniable. Cependant, leurs usages doivent se plier à l’exercice loyal et serein des processus démocratiques.

De même, l’anonymat ne doit pas autoriser toute opinion. Les réseaux sociaux ne peuvent être le prétexte d’un reniement démocratique.

Une forme d’expression démocratique

Les réseaux sociaux ne sont pas les seuls vecteurs de la démocratie. Même sous prétexte d’une démocratie la plus directe soit-elle. Pas plus que la foule n’est le peuple, les réseaux sociaux ne sont pas, à eux-seuls, la Démocratie.

Les Civic Tech, la démocratie liquide, le tirage au sort contribuent tout autant à un renouveau des pratiques démocratiques et de gouvernance.

La digitalocratie ne peut remplacer les Institutions, c’est là que les réseaux sociaux sont un trompe l’œil. Il existe un temps parlementaire ou constitutionnel, décantation nécessaire d’une société plurielle qui recueille toutes les idées. La Démocratie n’ira jamais aussi vite qu’un clic.

Évaluer l’expérience démocratique

Les réseaux sociaux doivent être évalué en tant que pratique démocratique.

Les réseaux sociaux sont-ils représentatifs ? La Démocratie traditionnelle séduit encore l’électeur. L’E-citoyen est loin de l’avoir remplacé. Quel financement ? Celui qui a 5 comptes peut-il voter 5 fois ? Quid des naufragés du numérique (volontaires ou non) ou des réfractaires à l’outil. Sont-ils exclus du débat numéricratique ?

L’ultime illusion des réseaux sociaux est de penser devoir tout commenter. La Démocratie c’est avant tout une respiration. En Démocratie, comme au théâtre, la respiration est un silence.

Sylvain LE MEUR

 

EN COMPLÉMENT :

Complotisme en France : où en est-on ?Enquête de  la Fondation Jean Jaurès, 11 février 2019

→ Des fake news aux infox, essai d’une catégorie, Sylvain LE MEUR, Le Rappel du Morbihan n°173

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